Il avait brûlé un pantalon de survêtement en pleine rue

Mohamed jouit-il vraiment de toutes ses facultés ? La question restait en suspens, le 15 novembre à Versailles, après son départ du tribunal pour la prison de Bois-d’arcy.

Cet Algérien de 32 ans en situation irrégulière venait d’être condamné à 6 mois de prison ferme pour des faits de rébellion. La veille, mail de l’aqueduc, caché derrière un muret, il avait été surpris par trois policiers en patrouille en train de brûler un pantalon de survêtement. Pour quelles raisons ? On ne le saura jamais.

« Des propos mystiques »

Un coup de fil au commissariat permet aux fonctionnaires d’apprendre que leur pyromane, dont le casier judiciaire comporte cinq mentions, fait l’objet d’une fiche de recherche et d’une mesure d’expulsion du territoire français.

C’est dans ces conditions qu’il est gentiment prié d’accompagner les policiers au poste. Mais Mohamed gagne du temps, puis résiste avant de se débattre violemment lors de l’arrestation. Les fonctionnaires essuieront quelques coups. « On voulait juste qu’il nous suive, a témoigné l’un des policiers, à l’audience, sur le banc des parties civiles. Mais il s’est montré de plus en plus réticent. »

Les agents avaient déjà remarqué le comportement étrange et le discours incohérent du mis en cause. « Crispé, tenant des propos mystiques » , Mohamed avait notamment balancé son manteau par-dessus un muret en plein échange verbal avec les policiers. « On s’est vraiment demandé s’il jouissait de toutes ses facultés. »

6 mois de prison

L’expert psychiatre, venu brièvement l’examiner en garde à vue, a tranché. Pour lui, le prévenu était accessible à une sanction. « On peut s’interroger ! » , a pourtant souligné son avocate tout en qualifiant l’accusé « d’énigmatique et de farfelu » .

Mohamed, tantôt absent, tantôt menaçant du regard, jouait-il un rôle ? Si tel est le cas, il l’a assumé jusqu’au bout avec une étonnante force de conviction. « Ce n’est pas eux qui m’ont arrêté ! » , a-t-il même lancé aux policiers avant de quitter la scène du tribunal.