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Le « oui… mais » de Mazières à la ministre
Le plan de sauvegarde du patrimoine dévoilé
Enfin pourrait-on dire. Vendredi dernier, Françoise Nyssen, ministre de la Culture, a annoncé la création d’un loto spécial pour le patrimoine. Une idée défendue par le maire de Versailles, François de Mazières ( DVD), dans son livre, Le Grand gâchis culturel (Albin Michel), paru en début d’année. Mais cette idée, l’ancien député l’a depuis bien longtemps. « Cela a été mon dada pendant des années, sourit François de Mazières. Déjà lorsque j’étais directeur général de la Fondation du patrimoine, je cherchais des financements supplémentaires. »
Député dans l’opposition entre 2012 et 2017, François de Mazières avait réitéré sa proposition. Mais la majorité PS l’avait refusée. N’en démordant pas, l’élu versaillais avait finalement fini par convaincre le candidat à la présidentielle Emmanuel Macron d’intégrer un loto pour le patrimoine dans son programme.
Jusqu’à 20 millions de recettes estime la ministre
À l’occasion des Journées du patrimoine, chaque année, aurait donc lieu un tirage du loto spécialement dédié à la restauration du patrimoine. Sur chaque tirage du loto, l’état perçoit 25 à 35 % des sommes misées. C’est cette part qui serait consacrée au patrimoine. La ministre n’a en revanche pas précisé s’il s’agissait de la part entière ou une partie. « Cela pourrait géné- rer jusqu’à 20 millions de recettes, estime Françoise Nyssen. Ce loto servira à réhabiliter le patrimoine protégé et non protégé. » Ceci complété par un jeu de grattage lancé également par la Française des Jeux.
Si François de Mazières estime que ce loto est « une très bonne chose » , il reste néanmoins prudent. « Il ne faut pas que ce soit l’arbre qui cache la forêt, tempère-t-il. Au cours des cinq dernières années, le patrimoine a été malmené avec beaucoup de baisses dans le budget. Alors, j’ai envie de faire une nouvelle proposition ; ce sont les communes qui investissent pour rénover le patrimoine. Or, les dotations de l’état aux collectivités sont en baisse. Je propose que les communes qui font des efforts pour rénover leur patrimoine soient moins impactées par les baisses de dotation de l’état et les taxes. »
Dix millions pour rénover Notre-dame à Versailles
Dans la Cité royale, entre 2012 et 2017, l’état a ainsi passé sa dotation de 20 à 11 millions d’euros. « Sans oublier les 3 millions d’euros dus à la péréquation et la somme de 1,2 million d’euros que nous allons devoir payer au titre de la loi SRU (solidarité renouvellement urbain), rappelle François de Mazières. Si l’état acceptait de faire un effort, nous pourrions par exemple consacrer 500 000 € par an sur dix ans à la restauration du patrimoine. Il faut que ce soit donnant/donnant. Et l’effet serait encore plus fort qu’un loto du patrimoine. »
Une somme qui pourrait par exemple servir à rénover l’église Notre- Dame, construite par Mansart au XVIIE siècle. Le toit et les murs nécessitent des travaux estimés à dix millions d’euros. « La Ville ne peut pas assumer une telle somme » , assure François de Mazières.
Les communes sont pourtant en première ligne dans la restauration du patrimoine. Lors de la présentation de son plan, Fran- çoise Nyssen a d’ailleurs indiqué que « la moitié du patrimoine est abrité par des communes de moins de 2 000 habitants qui n’ont pas la possibilité de le prendre en charge » . Un fonds spécifique de 15 millions d’euros devrait aussi être créé en 2018 pour les petites communes, a indiqué la ministre de la Culture.
« Ce sont des annonces positives, reconnaît François de Mazières. Mais au final, la ligne de crédits consacrés au patrimoine est en baisse : 900 millions en 2017 contre 897 millions prévus en loi de finances 2018. »