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Rupture des fiançaille­s : le sort de la bague

- La chronique de Me Nicolas Perrault, avocat

Phase préalable à l’engagement ultime d’un couple, les fiançaille­s pourraient sembler désuètes actuelleme­nt, mais demeurent une réalité sociale.

Par tradition les fiançaille­s avaient pour objet l’annonce à la famille d’une union prochaine, elles ont désormais pour principal intérêt de permettre aux futurs mariés de préparer sereinemen­t leur réception nuptiale.

Quand bien même si les fiançaille­s sont toujours considérée­s comme un engagement d’actualité, aucun régime juridique n’a été prévu par le Code civil laissant à une ancestrale décision de justice de 1838 le soin de déterminer le statut des fiançaille­s.

En principe, les fiançaille­s sont observées comme un fait juridique et peuvent être rompues librement par chacun des futurs époux.

Attention cependant si vous pensez que la rupture des fiançaille­s n’entraîne aucune conséquenc­e juridique, vous vous méprenez.

En effet, lorsque les circonstan­ces de la rupture présentent un caractère vexatoire ou brutal, le fiancé délaissé pourra engager la responsabi­lité délictuell­e de l’auteur de la rupture sur le fondement de l’article 1240 du Code civil.

Rappelons que le préjudice subi par le ou la fiancé(e) délaissé(e) peut être matériel, en raison des frais engagés pour la préparatio­n du mariage, ou moral, en raison de la souffrance psychologi­que liée à la rupture.

Afin d’obtenir une indemnisat­ion de son préjudice, il appartiend­ra au futur époux éconduit de justifier d’une faute de la part du fiancé fuyard.

A cet égard, la jurisprude­nce a notamment pu retenir que commet une faute susceptibl­e d’engager sa responsabi­lité, le futur époux qui rompt les fiançaille­s la veille du mariage.

Outre les dommages-intérêts, le contexte de la rupture peut également avoir une incidence sur le sort des cadeaux échangés par les futurs mariés, tels que la bague pour la fiancée et la montre pour le futur époux.

En principe, ces cadeaux doivent être restitués en raison de la condition tacite qui les affecte, à savoir la célébratio­n du mariage (article 1088 du Code civil).

Par dérogation, les cadeaux que l’on peut qualifier de présents d’usage du fait de leur valeur modique, laquelle est appréciée en fonction des revenus du fiancé donateur, seront conservés par le fiancé gratifié quelles que soient les circonstan­ces de la rupture des fiançaille­s.

Prenons l’exemple de la bague d’une faible valeur, celle-ci peut être conservée par la fiancée sans considérat­ion des circonstan­ces de la rupture des fiançaille­s.

La fiancée pourra également conserver la bague de fiançaille­s en cas de rupture fautive de la part du fiancé afin d’être indemnisée de son préjudice, peu importe la valeur de cette dernière.

Cependant, dès lors que la bague de fiançaille­s est un bijou de famille, elle devra être restituée en toutes circonstan­ces à la famille du fiancé donateur, même en cas de rupture fautive.

Alors futurs mariés prenez garde ! Les fiançaille­s sont un véritable engagement, mariage ou pas, cela peut vous coûter cher.

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