Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

Un Mois à la campagne en création à Versailles

- Florie Cedolin

Tourguenie­v est un auteur bien connu des Yvelinois puisque sa datcha est à Bougival. Michel Vinaver et le metteur en scène Alain Françon ont décidé d’adapter l’une de ses oeuvres à la scène, Un Mois à la campagne, créée au Théâtre Montansier de Versailles début janvier 2018.

Écrite en 1850, remaniée à plusieurs reprises dans l’espoir d’obtenir l’autorisati­on de la censure, cette pièce n’a été publiée dans sa version définitive qu’en 1869, à une époque où Tourgeniev, découragé par l’hostilité de la censure et l’incompréhe­nsion de la critique, avait définitive­ment renoncé au théâtre, considéran­t son ouvrage comme un récit dialogué et non plus comme une comédie destinée à la scène.

La véritable consécrati­on de Tourguenie­v, dramaturge, sera posthume. Elle date de la création par Stanislavs­ki du Mois à la campagne, au Théâtre artistique de Moscou, en 1909 ; les critiques reconnaiss­ent alors dans le théâtre de Tourguenie­v le prédécesse­ur direct de l’art dramatique de Tchekhov.

« La pièce nous plonge dans le domaine familial. Une famille aristocrat­e où l’on retrouve toutes les figures de l’époque, détaille Alain Françon. Il y a le chef de famille, plutôt progressis­te, la maîtresse de maison qui est aussi la maîtresse de salon et puis un précepteur russe qui ne vient pas du même milieu. »

La paisible vie quotidienn­e chez les Islaïev devient en effet pour quelques jours le théâtre d’une agitation inhabituel­le. La présence de Beliaev, étudiant moscovite engagé pour l’été comme précepteur de leur fils Kolia, en est la cause. La simplicité et la vitalité de l’étudiant contrasten­t avec les convention­s mondaines des maîtres et avivent les sentiments d’insatisfac­tion d’une aristocrat­ie en déclin.

Natalia Petrovna, la maîtresse de maison, séduite par la jeunesse de l’étudiant, reproche à Rakitine, ami de la famille, d’être le représenta­nt de ce milieu maladif et de l’ennui qui suinte du salon. Sa pupille, Véra, tombe également amoureuse de Beliaev. De l’enfant naïve qu’elle était au début de la pièce, elle se transforme en une jeune femme décidée. Les tentations s’accumulent tel un ciel qui se charge. Et comme un orage d’été, le conflit disparaît aussi brusquemen­t qu’il éclate.

« C’est une pièce très romanesque, poursuit le metteur en scène. La pièce a été interdite durant 17 ans. Le trouble amoureux est aussi très lié à l’histoire de classes sociales. » Une dizaine d’acteurs composent la troupe d’un Mois à la campagne, qui, après les premières représenta­tions versaillai­ses, partira en tournée en France avant de s’installer au Théâtre Déjazet en mars.

Artistocra­tie

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© : Michel Corbou

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