Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

Cro Man LA TOILE .

- Pierre Limat

Pas besoin d’être un immense fan d’animation, ni même de stopmotion, pour attendre un nouveau Aardman avec impatience. Cela aide beaucoup bien sûr, mais le studio de Bristol, à qui l’on doit les personnage­s de Wallace et Gromit, a tellement pris l’habitude de tutoyer la perfection que les cinéphiles, comme le public familial, lui font régulièrem­ent une haie d’honneur. Pas autant qu’à Pixar, certes, mais les deux ne jouent pas dans la même catégorie au box-office, où la firme à la lampe fait figure de blockbuste­r voué aux sommets. Trois ans après l’extraordin­aire « Shaun le mouton », nous remontons donc le temps mais restons en Angleterre. Du côté de Manchester, nous fait-on comprendre en introducti­on, ce qui n’était pas forcément évident au premier coup d’oeil posé sur ce paysage de rochers et de lave. Car oui, « Cro Man », comme son titre le laisse un peu deviner, se déroule à la Préhistoir­e. C’est là que Doug et son animal de compagnie Crochon, vont devoir aider sa tribu issue de l’âge de pierre, contre des envahisseu­rs passés à l’âge de bronze et bien décidés à s’emparer de leur territoire. Un différend qui se réglera ballon au pied, sur de l’herbe. Au football oui, dont la création date soi-disant de 1863, sauf si l’on en croit ce film. Réalisé, en solo, par Nick Park, papa de Wallace et Gromit, « Cro Man » joue la carte du choc des cultures et du décalage, avec l’efficacité d’une frappe en lucarne. Mais ses gestes techniques et son message sont un peu plus prévisible­s que d’habitude. Il n’est en effet pas difficile de voir où tout ceci va aboutir, ce qui rend le récit moins palpitant malgré un final de haute volée. Plus bavard que la majorité des films du studio (et notamment « Shaun le mouton », totalement dénué de paroles), celui-ci ne possède pas la richesse visuelle des précédents alors que l’animation est, une fois de plus, bluffante, les traces de doigts sur les visages nous rappelant la méticulosi­té du stop-motion. Un peu décevant côté scénario, le long métrage n’en reste pas moins un délice pour les yeux et les zygomatiqu­es. Car un Aardman moins bon reste quand même d’un niveau très élevé.

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