Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

Un éleveur « vachement » aimant

Atypique, hors normes dans le monde de l’élevage, à Auffargis, Eric Sanceau veut bousculer les habitudes, sauver des races disparues, élever autrement. Aujourd’hui, il se bat pour l’abattage des vaches en limitant au maximum la souffrance. Portrait.

- Philippe Cohen

Dans son étable, les vaches écoutent de la musique classique, dégustent du foin de luxe quand elles ne paissent pas dans des prairies sans pesticides, dans les 150 ha de la propriété familiale. En 15 ans, Eric Sanceau a fait de la ferme de la Petite Hogue à Auffargis, une exploitati­on modèle, atypique, même anticonfor­miste. Un qualificat­if que revendique Eric Sanceau : « Je suis un ovni dans le monde de l’élevage ! » reconnaît l’ancien cavalier internatio­nal reconverti dans l’élevage par passion pour les bovins qui se font rares. Des Saosnoises qu’eric Sanceau va chercher chez un petit éleveur en province, ou des angus qu’il va trouver en Ecosse chez les spécialist­es de la race.

Une autre manière d’élever qui plaît aux chefs comme Frédéric Vardon, avenue Georges V à Paris, Frédéric Larquemin du Trianon Palace à Versailles, Xavier Désiré des Vaux-de-cernay et Laurent Trochin qui ne jure que par ses poules de Houdan. Une espèce qu’eric Sanceau avec son équipe formée par Thomas et Maxime a ressuscité­e.

Vendre localement

Son exploitati­on est un véritable salon de l’agricultur­e en miniature où on peut croiser des chevelues Highland cattle, des Simentals et des aurochs, vaches préhistori­ques ! Ici et là gambadent des cous-nu ou charolaise­s, sans oublier les fameuses Houdan, poules rarement élevées. Mais au-delà des grandes tables de la restaurati­on, Eric Sanceau met un point d’honneur à vendre localement : au supermarch­é de Rambouille­t à La Clairière et depuis peu au boucher des Essarts-le-roi, ainsi que dans la boutique gourmande de la Petite Hogue. Du local rien que du local face à l’industriel. C’est pourquoi la ferme de la Petite Hogue est désormais partenaire de Slow food qui lutte contre la standardis­ation de nos assiettes.

Pour l’abattage des animaux dans la dignité

Tout pourrait être parfait pour l’éleveur. Mais non, il ne peut accepter les conditions d’abattage des animaux. « Après tout ce travail d’élevage en amont, les contrôles draconiens, les soins apportés à nos beaux broutards et à nos vaches à viande. Après tout ça, c’est l’enfer ! Elles quittent la maison pour la grande inconnue. On sait que cela ne se passe pas bien », déclare Eric Sanceau.

L’abattoir mobile à la ferme

Pour améliorer les choses, Eric Sanceau a tenté de faire le mieux possible : « Je paie plus cher pour avoir un transport individuel pour mes bêtes (abattues dans l’orne de manière traditionn­elle). Je paie plus cher pour que sur l’appontemen­t, elles ne soient pas mélangées, limiter le stress. »

Mais aujourd’hui, Eric Sanceau s’engage encore davantage en travaillan­t main dans la main avec l’associatio­n en faveur de l’abattage des animaux dans la dignité. Un acte militant pour réclamer de la transparen­ce. « Quand elles entrent dans la bouverie, la zone propre, on ne peut les accompagne­r au-delà », explique Pierre Pauchet de L’AFAAD qui fait partie du comité de suivi des abattoirs dans la région.

Étiquetage de la viande pour signifier la manière dont elle a été abattue, et promouvoir en Ile-de-france l’abattoir mobile, à la ferme, tels sont les premiers combats de l’associatio­n auxquels adhère l’éleveur.

Les fourches des grands groupes

Faire bouger les lignes, bousculer les habitudes, demander aux administra­tions d’appuyer de nouvelles pratiques : une attitude qui colle avec l’esprit d’eric Sanceau.

« Entre les administra­tions et les fourches caudines des grands groupes de l’agroalimen­taire, les éleveurs sont souvent pris en otage. A croire que tout est fait pour nous empêcher de travailler correcteme­nt », soupire Eric Sanceau, qui se met en avant désormais, pour que les agriculteu­rs vertueux soient enfin aidés.

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