Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)
La réforme territoriale
La réforme territoriale. Marie-célie Guillaume a été la plus piquante : « […] Le constat est largement partagé : la métropole du Grand Paris, issue des lois MAPTAM et NOTRE de 2014 et 2015 (que vous connaissez bien Monsieur le Préfet, pour en avoir été l’un des principaux rédacteurs), cette métropole dénuée de compétences stratégiques, sans moyens financiers, enfermée dans un périmètre riquiqui, cette métropole décidée d’en haut contre la volonté des élus locaux de tous bords, cette métropole n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Le Grand Paris est en compétition avec Londres, New York, Tokyo, Beijing, etc. Ces métropoles ne se définissent pas comme telles du fait de leur organisation institutionnelle mais plutôt par leur population, leur concentration économique, leurs infrastructures de transports et de communication, leur dynamique culturelle, et de plus en plus leurs écosystèmes innovants.
«Dans le flou le plus total »
Mais nous sommes en France. Et en France, nous adorons nous perdre dans les débats institutionnels. Nicolas Sarkozy et Christian Blanc avaient pourtant vu juste, en 2009, lorsqu’ils lançaient le très ambitieux projet du Grand Paris express, considérant que les infrastructures créeraient de nouvelles dynamiques territoriales et que les questions de gouvernance viendraient ensuite.
[…] Lorsque je rencontre des investisseurs internationaux pour les convaincre de venir en France, tous connaissent le projet du Grand Paris express, tous ! Aucun ne me parle jamais du millefeuille, des interco, des CU, des EPT, des départements et de la région !
Monsieur le Préfet, le Gouvernement avait promis la transparence, nous sommes dans le flou le plus total. […] les annonces de l’énième big bang institutionnel sont reportées de mois en mois, le préfet d’ile-de-france sème la confusion en faisant fuiter dans la presse des scénarios improbables qui démontrent surtout l’obsession centralisatrice et la très grande difficulté de la haute fonction publique parisienne à considérer la grande couronne comme un acteur à part entière de la métropole.
Monsieur le Préfet, nous voulons une métropole forte, capable de faire jeu égal avec NY, Londres, Tokyo, Beijing. Seule l’échelle régionale est capable de donner à cette métropole sa puissance économique, son potentiel écologique, sa dynamique humaine et sociale.
[…] Une métropole régionale, concentrée sur des compétences stratégiques, doit pouvoir s’appuyer sur les départements et les communes, les deux échelons de proximité incontournables.
Et il suffit de comparer la manière dont les routes ont été traitées et les voyageurs accompagnés dans les Yvelines et les Hauts-de-seine, par l’engagement conjoint des services et des élus départementaux et municipaux, avec l’aide précieuse, et nous les en remercions, des agriculteurs yvelinois, de comparer cela avec le fiasco absolu de la N118, sous gestion de l’etat, et sa cohorte de naufragés de la route, pour comprendre très concrètement à quel point la décentralisation peut être gage d’efficacité et de solidarité !
Vous le voyez, les personnels et les élus des collectivités territoriales ne se passionnent guère pour le mécano institutionnel. […] Dans les études diligentées par le préfet de Région, avezvous bien mesuré ce qu’un transfert de compétences et la recomposition de nouvelles administrations feraient perdre comme temps, énergie, expérience, professionnalisme, au détriment des politiques sociales, de la vie des collèges ou de la voirie ?
Avez-vous bien mesuré le risque de trou d’air qu’une longue et laborieuse réorganisation de l’ile-de-france ferait porter sur la croissance nationale au moment où celle-ci semble frémir ? Les collectivités locales financent 70 % de l’investissement public. Mais vous le savez, l’investissement ne se conjugue pas bien avec l’incertitude. Et on se demande si les bouleversements incessants et autoritaires infligés par l’etat aux collectivités locales ne constituent pas en réalité une diversion destinée à éviter sa propre réforme, sans cesse repoussée ? Est-il besoin de rappeler que la part de l’endettement public de toutes les collectivités locales réunies ne représente que 9 % de la dette nationale ?
Alors finalement, monsieur le Préfet, ma question est simple : quand nous laisserez-vous travailler, en toute autonomie, en toute responsabilité, pour vous consacrer enfin à la seule réforme qui vaille et qui ne peut plus attendre : la réforme de l’etat ? »
Le préfet : « Je suis un défenseur de la décentralisation. Tout le monde semble d’accord avec ce que vous dites. Oui, il faut une Métropole du Grand Paris qui soit susceptible de concurrencer New York, Londres… Je rappelle que la commande publique est déterminante. Si l’organisation publique est importante, la commande publique, ça compte aussi. Le système aussi n’est pas satisfaisant. J’attends avec confiance le résultat de l’arbitrage du président de la République que je ne connais pas à ce jour. »
« La réalisation des équipements du Golf National… »
Nous avons respecté nos engagements dans la réalisation des équipements du Golf National, du Vélodrome et bientôt de la colline d’elancourt, qui accueillera l’épreuve de VTT. Nous avons également investi sur les plateaux de Saclay et de Satory parce que nous avons misé sur le développement de nos territoires et leur attractivité régionale, nationale et internationale. (Mais) il semblerait que l’etat fasse marche arrière sur certains financements de projets structurants ce qui inquiète bon nombre d’acteurs économiques et d’habitants. Le retrait de la candidature de Paris pour l’expo Universelle semble démontrer que nous n’aurons pas plus la ligne 18 en 2025. Comment allonsnous faire venir nos jeunes, nos chercheurs, nos salariés à Saclay comme à Satory ou Saint-quentin-en-yvelines sans ces transports ? Resteront-ils toujours des pôles aussi attractifs demain alors même que nous n’avons plus de perspective sur nos transports, pourtant déjà fortement saturés ? Devons-nous, collectivités, maintenir nos engagements de financement dans les sites olympiques alors qu’ils ne seront plus desservis ? […] Si nous n’avons pas la ligne 18 en 2024, qui est une nécessité pour nos territoires déjà très oubliés, nous ne l’aurons jamais ! »
Le préfet Serge Morvan ne s’est pas laissé surprendre : « La ligne 18 du Grand Paris Express est la colonne vertébrale de L’OIN Paris Saclay avec des perspectives vers La Défense et un gain de temps dans les trajets. Je fais aussi référence au cluster des mobilités innovantes de Versailles-satory. Nous avons eu la volonté d’accélérer le calendrier avec les acteurs du territoire de 2026-2027 à Versailles contre 2030. Mais comme vous le savez, le Cour des comptes a fait état du financement du Grand Paris Express (Notre édition du 24 janvier, Ndlr). Aujourd’hui, le gouvernement va ajuster le calendrier au cas par cas. Nous sommes dans une phase de concertation en février avec un calendrier réaliste de livraison qui sera donné. Un groupe de travail orchestré par Gilles Carrez est mis en place pour augmenter les moyens des ressources de la MGP. »
Plus concrètement, selon le préfet, pour être dans les délais, il faudrait l’exploitation d’une trentaine de tunneliers en même temps. Or, il n’y aurait que deux machines en France et 23 en Europe. Autant dire que sur le plan technique, le représentant de l’etat indiquait qu’il était impossible de construire la ligne 18 en 2030.
Pierre Bédier y est allé de sa critique : « On nous parle d’un troisième calendrier depuis 48h. Soyons clairs, il n’y aura pas de respect des délais. Si on doit tout mettre en oeuvre que l’on regarde les voies financières. La participation du Département se fera sous condition. On peut regarder le coût d’un tunnelier. »