Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

Aurélie, la passion de l’arbitrage en tennis

- Jehan-jacques Peyre

Aurélie a 34 ans, elle est infirmière dans une clinique des Yvelines, et passionnée de tennis depuis sa plus tendre enfance, ainsi que de l’arbitrage qui est en train de devenir son métier principal. À peine revenue de Melbourne où elle a arbitré la première semaine à l’open d’australie sous la canicule, elle a refait sa valise pour partir arbitrer un tournoi féminin (WTA) à Saint-petersbour­g où les températur­es avoisinent les -10 °C.

L’obtention de ce niveau d’excellence, le plus élevé dans la hiérarchie internatio­nale, lui a permis de décrocher dans la foulée un contrat d’arbitre profession­nelle avec la Women tennis associatio­n (WTA). « Avec ce contrat, je vais maintenant avoir moins de disponibil­ités pour arbitrer des tournois ATP (l’équivalent de la WTA pour les hommes), mais je pourrai continuer d’arbitrer pour L’ITF les quatre tournois du grand chelem (Australie, Roland-garros, Wimbledon et L’US Open à New York), ou les rencontres de Coupe Davis ou de Fed Cup, dit-elle. Quant à mon métier d’infirmière, je vais conserver quelques journées chaque mois, c’est important pour moi, et je ne serai peut-être pas arbitre toute ma vie ». En dehors du planning que la WTA lui donne, Aurélie peut choisir les tournois qu’elle souhaite arbitrer, et a déjà mis Roland-garros et Wimbledon sur sa liste de souhaits, et a dernièreme­nt arbitré la rencontre de Fed Cup Italie-espagne. D’un continent à l’autre, semaine après semaine, cette globetrott­er moderne parcourt aujourd’hui le monde, avec très peu de temps libre pour visiter les villes dans lesquelles elle se rend. En plus d’arbitrer, elle doit également assister à des matchs au cours desquels elle doit noter les arbitres. Cela ne l’empêche pas de vivre à fond ce métier enrichissa­nt, en s’intéressan­t à la vie des autres, par exemple les dirigeants, bénévoles ou les chauffeurs de taxi, à leur culture, et un peu à la gastronomi­e des pays traversés.

Initiée au tennis par son père, Aurélie a connu la compétitio­n par équipe au club de Plaisir où elle a atteint la deuxième série. C’est en passant son diplôme d’initiatric­e qu’elle obtient son premier niveau d’arbitre A1. « J’étais au départ un peu timide, et l’arbitrage me faisait un peu peur, sourit-elle. Pour ma première fois, je me souviens avoir pleuré en descendant de la chaise ! J’ai vaincu cette peur et passé le niveau A2 à la fin de mes études en 2006, puis A3 en 2008. Je dois beaucoup à Maryvonne Ayale (présidente de la commission arbitrage au comité départemen­tal des Yvelines), qui m’a fait confiance, et a Christian Mounier qui a été mon professeur et m’a fait sortir pour « faire mes premières lignes » à Deauville. »

Aujourd’hui, Aurélie arbitre plus de 200 matchs par an, le plus souvent hors de l’hexagone. Pour les tournois du Grand Chelem, les arbitres sont notés sur leur prestation, et les détenteurs du badge d’or peuvent aller jusqu’en finale s’ils se sont montrés à la hauteur ! « Je suis fière d’avoir arbitré sur la chaise une finale de double à Roland-garros en 2013 puis en 2016, et d’avoir été juge de ligne des cinq finales des JO à Wimbledon en 2012. J’ai arbitré à Melbourne les meilleures féminines du moment. Si vous me demandez si je préfère arbitrer les hommes ou les femmes, je vous répondrai que je n’ai pas de préférence, mais ce n’est pas le même arbitrage. C’est plus difficile pour une femme de s’imposer face aux hommes, et j’ai dû faire mes preuves. Pour une femme, c’est un challenge supplément­aire de se faire accepter par les joueurs, et j’ai dû beaucoup travailler cet aspect. » Aurélie constate que les réseaux sociaux et les journalist­es sont les premiers à montrer les situations qui sortent de la routine quand c’est une femme qui arbitre un joueur, qu’il soit dans le top 10 ou non, comme par exemple un joueur qui voulait uriner dans une boîte de balles au bord du court, ou une interpella­tion de la part d’azarenka à laquelle son statut d’arbitre ne lui permettait pas de répondre.

Les amateurs de tennis se souviennen­t des années 80 où les joueurs comme Mac Enroe se permettaie­nt des comporteme­nts sur le terrain qui ne sont plus tolérés aujourd’hui. « Pour beaucoup de spectateur­s, ça enlève de la vie au spectacle, mais il y a eu tellement de débordemen­ts que les règlements sont devenus aujourd’hui beaucoup plus stricts. Le joueur qui ne respecte pas les règles de comporteme­nt n’a plus sa place sur le circuit, constate Aurélie. C’est bien, mais je reconnais que cela enlève à l’arbitre un peu de la part du jeu. J’ai vécu quelques situations où il faut recadrer le joueur, et j’ai beaucoup appris de ces situations, grandi et gagné en confiance grâce à elles. » Quant à l’arbitrage électroniq­ue, le « Hawk Eye », Aurélie constate qu’il aide à calmer les esprits des joueurs, mais que, revers de la médaille, les arbitres ont tendance à « moins arbitrer », c’est-àdire moins prendre la responsabi­lité « d’over-ruler » leurs juges de ligne.

Aurélie exprime le sentiment que l’arbitrage est encore trop vécu par les clubs comme une obligation. « L’arbitrage fait partie intégrante du jeu, et devrait être enseigné très tôt aux enfants dans les écoles de tennis, et les moniteurs devraient tous donner l’exemple en arbitrant dans les tournois de leur club », affirme-t-elle. L’arbitrage permet d’apprendre à avoir la bonne attitude, à respecter son environnem­ent. Elle était heureuse d’accompagne­r cette année à Melbourne Maxime, un tout jeune arbitre de Plaisir, encore en bas de la hiérarchie au niveau A2, venu pour arbitrer les lignes pour ses débuts internatio­naux.

Aurélie ne fait que de courts passages chez elle à proximité de Versailles, mais y revient toujours avec plaisir. Elle y a sa famille, ses amis, son club de Plaisir. Elle conserve une activité d’infirmière réduite, ne sachant pas aujourd’hui si elle sera arbitre profession­nelle toute sa carrière, ou si elle reviendra à son métier d’origine. Elle envisage à terme d’avoir une vie de famille, si cela est compatible avec l’arbitrage. « Il est difficile d’imaginer de faire ce métier pour une mère de famille, il faudra faire un choix, comme une collègue mère de famille qui se limite à 15 semaines d’arbitrage par an », dit-elle. Bonne question pour cette Yvelinoise qui peut rêver d’être choisie pour arbitrer la finale des JO de Paris 2024 !

Une jeune arbitre yvelinoise vient de se voir décerner le badge d’or, distinctio­n que la Versaillai­se est la seule femme à posséder en France, et une des dix seules femmes au monde. Arbitre profession­nelle pour la WTA J’ai pleuré la première fois

Les règles sont aujourd’hui plus strictes

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France