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Trappes hérite d’une police du quotidien, sans en vouloir

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Le préfet des Yvelines, Serge Morvan l’a annoncé vendredi 9 février devant les conseiller­s départemen­taux.

La première police de sécurité du quotidien (PSQ) des Yvelines s’installera en septembre prochain à Trappes.

Cette décision est le fruit d’une large concertati­on nationale lancée, dans les Yvelines, le 16 novembre dernier et rassemblan­t tous les acteurs de la sécurité.

« L’idée est d’atteindre +8 % de la présence policière dans cette commune située en ZSP (zone de sécurité prioritair­e depuis 2014) dont les quartiers les plus sensibles abritent 10 000 habitants sur les 32 000 de la commune », explique le préfet.

Trappes a déjà fait parler d’elle sans le vouloir avec le livre La Communauté des journalist­es du Monde, Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin.

Si Limay, Les Mureaux et Mantes-la-jolie voulaient la police de sécurité du quotidien, c’est donc Trappes qui l’a eue. Pourtant elle n’était pas candidate. Un paradoxe quand ont sait que le préfet lui-même annonçait, il y a dix jours, que le nombre des atteintes aux biens (cambriolag­es, etc.) et les atteintes aux personnes (violences, etc.) avaient fortement baissé dans cette commune, en 2017, respective­ment -15 % et -2,72 %.

Après la défunte police de proximité

La PSQ va-t-elle prendre le visage de la défunte police de proximité, disparue en 2003 ? L’idée était de rassembler autour d’une même table les élus, les autorités administra­tives et judiciaire­s, les polices municipale­s, les réseaux de transports ou encore les bailleurs et services sociaux et des représenta­nts d’associatio­ns.

Il devait en ressortir de nouvelles idées pour renforcer la sécurité quotidienn­e de chacun. Toutes les pistes étaient ouvertes : renouvelle­ment du parc automobile, équipement­s, armements ou encore effectifs, simplifica­tion des procédures, sanctions immédiates par des amendes.

De tout cela, la synthèse du ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, est la promesse de nouveaux moyens pour les fonctionna­ires, du sur-mesure pour chaque territoire, du numérique via du matériel et du collaborat­if. Car la PSQ devra travailler avec les maires, la police municipale, les entreprise­s de sécurité privée et la population. Le ministère promet aussi moins de paperasse au bénéfice d’une présence sur le terrain. On veut dépoussiér­er, moderniser.

13 cibles

Dans sa présentati­on du 8 février dernier, Gérard Collomb a donc dévoilé le nom de Trappes et une liste de quartiers concernés par la PSQ : Les Merisiers, les squares Lagrange, Wallon, Farge, de la Commune-de-paris, Thorez, Pergaud, Sand, Verlaine, Camus, Cocteau, Courbet et la Plaine-de-neauphle. Les enjeux sont de lutter contre « les trafics de stupéfiant­s, les violences urbaines, l’économie souterrain­e et les affronteme­nts entre bandes ».

Beaucoup de questions

Sur le terrain, la volonté apparaît louable mais soulève de nombreuses interrogat­ions. « Pour le moment, nous sommes dans le flou artistique complet. Nous attendons le côté pragmatiqu­e des choses : des nouveaux objectifs ? De nouvelles missions ? Avec quels moyens ? Déjà, le maire n’en veut pas. Ça ne part pas bien », souffle un fonctionna­ire sous couvert d’anonymat. Tout en tempérant. « On sent peut-être un désir d’être un peu plus efficace. Si c’est ça, la PSQ peut être un mieux. Mais à condition que ce ne soit un bel effet d’annonce. »

Côté syndicat, la mesure n’est pas de rigueur. « Qui vont être les renforts envoyés ? De jeunes policiers sortis d’école, moins expériment­és face à des quartiers véritablem­ent difficiles ? Des fonctionna­ires qui n’ont reçu en formation que la seule notion de la gestion des violences urbaines et rien dans le rapprochem­ent avec la population ?, interroge Alexandre Langlois, secrétaire général de Vigi. On n’a rien de concret. On ne parle plus de politique du chiffre, mais d’indicateur­s de la délinquanc­e. C’est la même chose. Et les moyens ? On entend parler de 15 policiers pour Trappes. Mais avec la rotation, les repos, il ne faut pas se leurrer. Au maximum, on retrouvera 4 ou 5 fonctionna­ires sur le terrain à l’instant T. » Le maire, sollicité, n’a pas répondu.

Le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, a attribué une police de sécurité du quotidien à Trappes. La Ville n’était pas candidate et pourtant, c’est la seule des Yvelines a en bénéficier.

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