Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

Le garagiste se jette sur le policier retraité

- N.G.

« Ma collègue se réfugie derrière le passé de grand policier de son client. Moi je m’appuie sur les témoignage­s de tout un village, où il imposait sa petite loi comme un shérif à O.K. Corral. J’aurais même pu avoir le témoignage du maire ! » Ces mots, prononcés par l’avocat du prévenu, laissent à penser que la vraie victime n’est pas celle que l’on croit.

C’est pourtant bien un ancien policier à la retraite qui accuse son client, ce 14 février, au tribunal de Versailles.

Steeve, 44 ans, est soupçonné de l’avoir passé alors à tabac dans sa voiture le 17 mai dernier à Jouy-en-josas.

« Les enfants lui donnent du commissair­e »

L’ancien bleu, un homme d’1m80, est connu comme le loup blanc à Jouy-en-josas. « Dans le village, les enfants lui donnent du commissair­e. Mais jamais personne ne s’est demandé s’il était vraiment officier de police ! », enfonce l’avocat, qui se lance dans une plaidoirie enflammée de près d’une demi-heure dont le but est clairement d’innocenter son client… et d’entacher le prestige de l’ancien flic.

La seule chose qui soit certaine dans cette histoire, c’est que Steeve, employé dans un garage, en voulait au retraité. « Il voulait que je lui fasse des réparation­s sur sa voiture au noir. J’ai refusé, ça ne lui a pas plu. Cinq minutes après, il est allé faire un scandale sur mon lieu de travail », décrit-il.

L’ancien policier, détenteur de la médaille d’honneur de la police, dit vrai selon son avocate. Elle ne se laisse guère impression­ner par la partie adverse, bien qu’elle ait sorti le grand jeu, avec deux témoins dans sa manche.

« Mon client a consacré sa vie à faire appliquer la loi. Il n’avait rien demandé à personne. »

Sonné « comme un boxeur »

« On peut très bien se faire un gros hématome en se tapant la tête sur la porte de son garage », insinue l’avocat de la partie adverse.

L’ex policier reste bouche bée devant cette accusation. En trente ans de carrière, il n’a jamais vu ça. « Il était déchaîné. Je me suis protégé des coups comme j’ai pu, mais j’étais complèteme­nt KO, comme un boxeur », décrit-il.

« Un avertissem­ent solennel »

Le procureur, resté jusque-là silencieux, ressort les faits, rien que les faits, au milieu de ce mano a mano entre avocats. « Je crains que le tribunal ne puisse pas régler tous les problèmes de voisinage de Jouy-en-josas. Ni les problèmes de travail dissimulé d’ailleurs, car nous n’avons pas été saisis sur ce dossier. En revanche ce jour-là, deux témoins impartiaux, un chauffeur de bus et une accompagna­trice scolaire, vont dire très clairement que le plus âgé des deux hommes se faisait agresser. ». Cela suffit-il pour faire de Steeve un coupable idéal, bien que personne n’ait vu les coups ? Pour le procureur, cela ne fait pas de doute. Il a donc demandé 5 à 6 mois de prison pour Steeve lors de ses réquisitio­ns, « ce qui constituer­a un avertissem­ent solennel de votre tribunal à son encontre »

Le tribunal a finalement préféré se ranger à l’avis du ministère public, puisque le quadragéna­ire a tout de même été reconnu coupable. Il écope donc de 6 mois de prison avec sursis.

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