Harcèlement sur les réseaux sociaux : L’IME répond par le théâtre

L’IME du Bel Air au Chesnay accueille environ 80 jeunes âgés de 12 à 20 ans. À cet âge-là, on est plus que connecté. « Nos ados sont comme les autres », confirme Marie-claire Lefer, directrice de L’IME. Oui mais voilà, il se peut que ça dérape.

Fin 2017, L’IME a ainsi été confronté à de graves problèmes de harcèlement via les réseaux sociaux. « Nous avons régulièrement à traiter des histoires entre jeunes, des petits conflits, poursuit la directrice. Mais en novembre, ça s’est emballé avec des jeunes ciblés plus précisément. » Certains jeunes reçoivent ainsi à ce moment-là des messages via les réseaux sociaux de haine, de menace de mort. Ils pensent qu’ils proviennent de l’un ou l’autre de leurs camarades. Sauf que ceci est faux. Derrière tout cela, se cache en fait quelqu’un qui « s’amuse » à créer des conflits au sein de L’IME.

Pire, certains pensionnaires vont penser au suicide. « Nous avons demandé aux parents de porter plainte et de notre côté nous avons fait un signalement au procureur de la République, indique Marieclaire Lefer. Le commissariat de Versailles a regroupé les plaintes (7 au total) et a pris l’affaire très au sérieux. »

Grâce au signalement fait auprès du procureur, les policiers obtiennent le droit d’entrer dans les comptes Facebook et autres Instagram et Messenger et finissent par découvrir qui se cache derrière tout cela : une jeune majeure de L’IME. « Elle a avoué disant qu’elle avait fait cela pour se venger d’avoir été elle-même ennuyée par d’autres pensionnaires. »

Si l’affaire est « réglée » sur le plan judiciaire, elle laisse forcément des traces psychologiques. D’où l’idée de la directrice de faire appel à la compagnie de théâtre Le Jour se lève. « C’est une compagnie de théâtre forum, détaille Marie-claire Lefer. Je l’avais vu lors d’une intervention sur le travail des personnes handicapées. »

Cette compagnie va alors travailler avec les pensionnaires, le personnel de L’IME ou encore les parents pour construire un spectacle fait de saynètes qui correspondent aux problématiques rencontrées dans l’établissement, en l’occurrence le harcèlement. Cela a donné un spectacle, présenté le 17 février dernier, au Théâtre Nouvelle France, prêté par la Ville.

« Les saynètes étaient jouées et ensuite, un médiateur interpellait la salle ; quelqu’un de volontaire venait alors sur scène pour rejouer la scène mais avec une fin différente, raconte la directrice. Près de 130 personnes y ont assisté. Les parents étaient très intéressés car ils ont vu ce qu’il pouvait vraiment se passer pour leurs enfants sur les réseaux sociaux. On n’a pas trouvé toutes les solutions, bien entendu. Mais c’est un outil qu’il faut que les gens connaissent. »

Sept plaintes