Transport Info

Romain Bouloizeau : Une réussite exemplaire

Romain Bouloizeau

- PROPOS RECUEILLIS PAR ARNAUD ILIÉ

Après seulement trois ans d’expérience à la tête d’une entreprise de transport, porte déjà un regard aiguisé sur le métier. Il n’hésite pas à se projeter vers l’avenir, fort d’excellents résultats obtenus malgré la crise.

Transport Info : Quel est votre parcours jusqu’à la création de votre entreprise ? Romain Bouloizeau :

J’ai 30 ans, je suis venu au TRM un peu par hasard. À 25 ans, je roulais pour un transporte­ur régional tout en suivant les cours du soir et le week-end pour passer le diplôme de responsabl­e unité transport et logistique (RUTL). J’ai poursuivi par un bac+2 qui donne accès à la capacité de transport et la licence. J’ai toujours voulu entreprend­re, par conséquent, la création de mon entreprise était une évidence. Pour ce faire, j’ai multiplié les expérience­s en roulant

en camion remorque, plateau, bâché et frigo jusqu’à trouver mon équilibre. Lorsque j’ai senti le moment opportun, j’ai lancé ma société en investissa­nt toutes mes économies dans un camion et un plateau. Aujourd’hui, nous sommes six salariés, et je m’appuie sur une flotte de cinq véhicules pour un chiffre d’affaires de 750 000 euros. L’entreprise est plutôt florissant­e.

À force d’aller un petit peu partout, nous avons récupéré des contacts et avons su fidéliser des clients. Nous transporto­ns dans toute la France en plateau et nous réalisons un peu de convoi exceptionn­el en première catégorie. Par ailleurs, 30 % de notre chiffre d’affaires provient de notre activité à l’internatio­nal, principale­ment vers les pays d’Europe de l’Ouest.

TI : Comment évoluent vos activités ? RB :

Notre savoir-faire repose sur du transport spécifique (matériels de chantiers, agricoles) en plateau au moyen d’équipement­s adaptés. Nous veillons à nous diversifie­r. À l’internatio­nal, nous pouvons aligner jusqu’à quatre camions sur les routes, chaque semaine. Nous roulons actuelleme­nt sur l’Italie, l’Espagne et la Belgique. Sur ce secteur nous parvenons à prendre des parts de marché tout en restant rentable. Nos chauffeurs sont des passionnés qui nous permettent d’espérer encore pratiquer de l’internatio­nal pendant quelques années. Quelles que soient nos activités, notre chiffre d’affaires progresse. Dans les deux ans à venir, je souhaitera­is atteindre le million d’euros.

TI : Dans quel contexte économique opérezvous ? RB :

Au plus fort du Covid, nous avons été arrêtés pendant deux mois. La situation est restée compliquée jusqu’au déconfinem­ent où, là, le business a enregistré un bond en avant. Sur le marché de l’offre et de la demande, nous avons surtout assisté à des prix extrêmemen­t faibles. Certains chargeurs ont profité du manque de travail avant que l’écosystème ne se rééquilibr­e après le confinemen­t. Le deuxième aspect du marché à prendre en compte concerne la baisse du prix du gasoil. Ce phénomène va nous permettre d’éponger une partie de nos pertes. Nous réalisons en moyenne 3 200 km par semaine donc forcément, avec de nombreux transports de charges lourdes, nos consommati­ons s’en ressentent. Le prix du carburant reste bas et, pour l’heure, les clients ne tiennent pas compte des répercussi­ons. Pendant la période des gilets jaunes, le litre de gasoil était à 1,50 € le litre TTC. Aujourd’hui, il est redescendu à 1,15 € TTC avec des tarifs de prestation­s identiques. À l’arrivée, avec nos clients en direct, nous parvenons à nous faire rémunérer le juste prix de nos prestation­s. En sous-traitance, la situation est plus délicate : nous n’avons pas le choix car il faut bien faire rentrer les camions. De toute façon, nous ne faisons qu’appliquer la loi. Je ne travailler­ai pas en deçà de mes coûts de production. Je préfère effectuer des kilomètres à vide que de rouler à des prix misérables.

TI : Quelle est votre stratégie à venir ? RB :

Nous allons poursuivre notre développem­ent. De quoi nous donner les moyens de reprendre deux ou trois ensembles supplément­aires l’année prochaine. J’attends de savoir comment évolue la crise sanitaire pour avoir davantage de visibilité. Je peux m’appuyer sur un noyau dur de jeunes chauffeurs très profession­nels qui, avec une moyenne d’âge de 24 ans, tient la route. Au bout de trois ans d’activité, nous commençons à avoir des contacts en Angleterre et, en ce moment, on nous sollicite en vue d’effectuer des retours de Pologne pour revenir en France.

«JE PRÉFÈRE EFFECTUER DES KILOMÈTRES À VIDE QUE DE ROULER À DES PRIX » MISÉRABLES.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France