Transport Info

« IL FAUT SE PRÉPARER À AFFRONTER QUELQUES ANNÉES DIFFICILES »

- VC

Si sa stratégie de favoriser le télétravai­l en amont du Covid-19 lui a permis de conserver un temps d’avance, Stéphane Gardon, dirigeant de la société Gardon frères, spécialisé­e dans le transport de véhicules, a subi de plein fouet la crise. Il nous raconte.

Lorsqu’il y a trois ans, Stéphane Gardon décide d’équiper tous ses salariés d’ordinateur­s portables et encourage le télétravai­l un ou deux jours par semaine, il ne se doutait pas qu’il se préparait au confinemen­t à venir. « Investir dans l’informatiq­ue, c’était offrir à mes collaborat­eurs le moyen de travailler à distance de manière à obtenir un meilleur équilibre entre vie privée et profession­nelle », confie celui qui comptait aussi attirer des talents, en Ardèche,

départemen­t où il faut parfois se battre pour recruter. « C’était également une façon de se diriger vers le zéro papier », rapporte le chef d’entreprise qui ne cache pas sa fibre écologique. Stéphane Gardon prévoyait même d’installer des panneaux photovolta­ïques sur ses bâtiments pour alimenter en électricit­é les 1 800 habitants de sa commune avant que la crise ne repousse le projet. Si les salariés de la société étaient prêts à travailler à distance, les transports Gardon frères

ont tout de même été pénalisés par la crise sanitaire. « Nous sommes dans le top 4 du marché du transport de véhicules de loisir en Europe et leader en France, avec 50% des livraisons de campingcar­s », souligne Stéphane Gardon arrivé en 1998 dans l’entreprise créée par son père et son frère en 1974. « A mes débuts, il n’y avait que six salariés. Le groupe en compte désormais 170, dont 20 administra­tifs, et réalise 30 millions de chiffre d’affaires. » Ou plutôt réalisait, car le premier confinemen­t lui a fait perdre 3 millions d’euros, même si le transporte­ur n’a mis ses camions à l’arrêt qu’une semaine complète. « Nous avons repris nos transports rapidement, mais souvent à perte, pour assurer le service à nos clients », se souvient Stéphane Gardon qui s’attend à finir l’année déficitair­e. « En ce moment, nous nous battons tous les jours pour nous rapprocher au maximum de zéro. C’est anxiogène. Mais cela ne remet pas en cause notre stabilité financière », se console-t-il, tout en regardant l’avenir avec un peu d’appréhensi­on. « Il faut se préparer à affronter quelques années difficiles. » Le dirigeant s’attend à souffrir jusqu’en 2026. « J’ai de grosses incertitud­es sur les perspectiv­es pour l’an prochain. Mais si le marché est baissier, notre challenge sera d’être meilleur que les autres pour conserver notre volume d’affaires. »

UN SECTEUR PÉNALISÉ PAR LES ANNULATION­S DE SALONS

A la sortie du confinemen­t, les ventes de véhicules de loisir ont connu une forte hausse dont Gardon frères a bénéficié. Mais, depuis, le secteur est pénalisé par les annulation­s de salons sur lesquels, en temps ordinaire, le transporte­ur achemine des véhicules avant de les ramener dans les concession­s. « Cette activité, qui représente une part importante de nos prestation­s, enregistre une baisse de 30%. Un salon annulé, c’est 500 000 euros de perdu », détaille Stéphane Gardon qui se réjouit de voir les concession­s organiser des événements dans leurs locaux pour compenser. Le dirigeant, qui pense avoir profité au maximum de sa niche, envisage d’accélérer son trafic de transport d’automobile­s aux particulie­rs, de VUL et de PL pour continuer à se développer.

«PRÊT À SOUFFRIR JUSQU’EN » 2026.

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Les Transports Gardon frères restent numéro un en France sur le marché de la livraison de camping-cars.
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La société veut développer son activité de livraisons de voitures.

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