TROIS QUARTS DES CHARGEURS SONT DE « MAUVAIS PAYEURS »
Avec la crise qui s’installe, les transporteurs espagnols se retrouvent confrontés à une problématique que rencontrent aussi leurs confrères français, celle des retards de paiement. Même si, au sud de la frontière des Pyrénées, la situation apparaît plus inquiétante.
Les transporteurs routiers ne parviennent pas à résoudre le problème des retards de paiement en Espagne. Pire : avec la crise sanitaire du Covid-19 et ses conséquences économiques, la liste des « mauvais payeurs » et les échéances s’allongent. Ainsi, 72% des chargeurs ne respectent pas les délais de règlement des factures. La moyenne des paiements se fait désormais à 86 jours. Un tiers de
ces chargeurs étirent même les délais de paiement au-delà de trois mois, comme l’indique une étude publiée par la Fédération des transporteurs routiers espagnols (Fenadismer) tout juste finalisée, et qui prend donc en compte la situation jusqu’au 30 octobre 2020. Rappelons que la législation espagnole impose un paiement à 30 jours (ou à 60 jours au maximum si le transporteur et le chargeur s’accordent sur ce délai). L’une des tendances
les plus inquiétantes de cette étude concerne l’évolution constante de ces retards. Au mois de février dernier, c’est-àdire avant le déclenchement de la crise sanitaire, les chargeurs tardaient en moyenne 78 jours avant de régler leurs factures ; l’attente est ensuite passée à 82 jours au cours de la période estivale, pour augmenter encore depuis le mois de septembre.
DES AMENDES POUVANT ALLER JUSQU’À 6 000 EUROS
L’enquête rendue publique par la Fenadismer a été réalisée par un sondage continu depuis le mois de février dernier auprès de quelque
800 entreprises de TRM. L’étude a ainsi permis de mettre également en lumière les différents modes de paiement des chargeurs en Espagne. Si l’essentiel de ces règlements se fait par virement, 15% des factures sont toujours payées par « billet à ordre » (mandat) ou chèque, deux modes de règlement qui occasionnent encore des retards d’encaissement des créances. Avec en plus les risques d’insolvabilité. Un climat d’incertitude - voire d’insécurité - financière qui met en péril la trésorerie des entreprises espagnoles de TRM, alors qu’elles n’avaient pas encore eu le temps de se remettre des conséquences de la crise économique et financière de la dernière décennie. D’où le nouveau projet de loi à l’initiative du ministère des Transports pour alourdir les amendes des mauvais payeurs, pouvant aller jusqu’à 6000 euros pour tout retard de paiement. « Il est urgent de trouver une réponse », estime Carmelo Martinez,
«L’ALLONGEMENT DES DÉLAIS DE PAIEMENT RISQUE D’ÊTRE FATAL EN FIN D’ANNÉE POUR DE » NOMBREUSES ENTREPRISES.
responsable de l’association de transporteurs ACTM : « En plus de l’atomisation du secteur, la concurrence exacerbée, l’énorme charge fiscale, les mesures de détournement obligatoire des poids lourds vers les autoroutes à péage, le manque de sécurité dans les aires de repos et le problème de la pénurie de chauffeurs, l’allongement des délais de paiement risque d’être fatal en fin d’année pour de nombreuses entreprises. »