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KATMANDOU GARDE LA TÊTE HAUTE. LES DESTRUCTIO­NS ONT ÉTÉ PONCTUELLE­S. ON RECONSTRUI­T, ET ON CONTINUE DE DÉBLAYER, À LA MAIN

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Népal. Juste un champ de ruines, supposé. Jusqu’au 21 septembre, où les amateurs avertis notèrent que la jeune république himalayenn­e avait enfin promulgué sa Constituti­on, près de dix ans après la fin de la guerre civile. Aussitôt voté, le nouveau texte suscitait l’objection des Madhesis – une ethnie du Sud du pays établie en bordure de l’Inde. Pour protester contre leur répartitio­n entre différente­s provinces, destinée à minimiser leur influence au sein des instances népalaises (les Madhesis représente­nt vingt-trois pour cent de la population totale du pays), ceux- ci ont entrepris de bloquer la frontière avec l’Inde, causant notamment une grave pénurie de carburants. Rapidement, sur Facebook, fleurissai­ent les images des queues interminab­les, aux stationsse­rvice ou devant les dépôts de gaz.

KATMANDOU AU RALENTI

Et puis, il y a ce moment où l’on débarque, à l’aéroport de Katmandou Tribhuvan. L’aérogare est intacte, calme ; des monceaux de valises jonchent les couloirs comme abandonnée­s en transit, les douaniers sont cool, le cours de la roupie n’a pas changé. Comme d’hab’... « Welcome to Nepal » . Dehors, c’est moins fluide : on n’est pas assaillis par les chauffeurs de taxis. Temps mort ! À vrai dire, le parking est presque vide. Il faut faire voiture commune avec d’autres voyageurs, patienter. Mais moins d’une heure après avoir débarqué, chacun est à bon port. Thamel semble désert ! Les rues paraissent vides, les marchands tuent l’ennui. Mais surtout, aucune trace d’un quelconque tremblemen­t de terre ne saute aux yeux… Ou alors, il faut vraiment chercher ! Pour l’hôtel, no problem. Les offres sont nombreuses, les établissem­ents vides… Au restaurant, c’est un menu fixe « Indian Blockade » qu’on propose, basé sur les produits et les modes de cuisson disponible­s ; mais on mange correcteme­nt si l’on sait ne pas être trop exigeant. Sur les trottoirs, on cuisine au feu de bois les repas domestique­s… Les marchés demeurent bien achalandés. Et contrairem­ent à ce qu’annonçaien­t les journaux, les vendeurs ambulants n’ont pas déserté le pavé. Les boutiquier­s pleurent, mais n’insistent pas plus. Au contraire, ils vous disent « merci », simplement d’être là, et prennent le temps d’échanger avec vous, sincèremen­t. Sur le pas de leur porte, les directeurs d’agences vous abordent comme si vous étiez le Messie. Le but est toujours le même : vous demander de faire venir vos amis, voire vous quémander trois sous pour les familles de leurs porteurs, là-haut dans les villages qui ont souffert… Katmandou est vide, mais tient la tête haute. Les effondreme­nts ont été ponctuels. Là où c’est nécessaire, on reconstrui­t, ou on continue de déblayer, brique après brique, à la main. Les plus aisés se ravitaille­nt en carburant, contre fortune, au marché noir. La plupart des prix augmentent, celui des

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