LES PÊCHEURS DE SNÆFELL

Difficile de revenir de ces solitudes vers Reykjavik sans s’embarquer pour un vrai détour vers l’une des péninsules reines de l’Islande : Snæfellsnes. Tous les lecteurs de Jules Verne la connaissent un peu… C’est par le cratère du Snæfellsjökull que le professeur Otto Lidenbrock et ses compagnons y débutèrent leur Voyage au centre de la Terre. La silhouette du stratovolcan, véritable mont Fuji de l’Islande, est parfaitement visible par beau temps depuis la capitale. Dépassant les 1 400 mètres d’altitude, son cône isolé a peutêtre été une balise pour le navigateur Pythéas, qui aurait selon Strabon, atteint les rivages de l’Ultima Thule lors d’une navigation menée depuis Marseille au VIe siècle avant notre ère. Depuis les fjords de l’Ouest, la navigation est plus modeste : un ferry traverse Breiðafjörður (la baie aux Milles Îles). Puis cap vers l’ouest ; passé le sommet singulier du Kirkjufell, qui domine Grundafjörður, la route longe des champs de lave qui ont conservé, depuis les récits de la saga d’Eyrbygga, leur part d’histoire. Ses chaos abritent encore, dit-on, les sentiers secrets par lesquels deux esclaves venaient courtiser la fille de leur maître… avant d’être démasqués et proprement massacrés. Côte sud, sous les pentes du Snæfell, la mémoire des pêcheurs de Djúpalónssandur tient presque tout entière, elle, dans quatre rochers ronds. Dans un paysage de basaltes déchirés, le site, totalement inhabité aujourd’hui, a longtemps abrité l’un des ports de pêches les plus actifs de toute la péninsule. Plus de soixantedix bateaux et barques s’alignaient sur sa longue plage de galets noirs. Il n’en reste que ces quatre rochers de 23, 54, 100 et 154 kilos, qui servaient il y a un demi-siècle encore de test d’embauche pour les pêcheurs : la qualification à bord suivait tout simplement la capacité du prétendant à soulever les masses noires et sans prises. Depuis Hellnar, entres les arches de basaltes et le mariage des verticales de lave sombres avalées d’écume, un sentier fantastique court depuis toujours vers l’écrin des falaises du minuscule port d’Arnarstapi. Si la mer est un tant soit peu formée, si le brouillard est un tant soit peu présent, vous aurez tout le temps de méditer sur ce que le mot havre veut dire, vu du large et du pont d’une barque de pêche, sur les côtes d’Islande…

Ce reportage a été réalisé en partenariat avec l’agence Allibert Trekking. Il correspond pour l’essen el au programme catalogue « Fjords et volcans », un i néraire de niveau « découverte » (moins de 4 heures de marche par jour), d’une durée de 8 jours....