MAM ÉVITER LE MAL AIGU DES MONTAGNES
GRAVIR UN SOMMET TEL QUE LE KILIMANDJARO, OU EFFECTUER UN SÉJOUR EN ALTITUDE, DANS LES ANDES OU EN HIMALAYA, EXPOSE LE VOYAGEUR À UN RISQUE SOUVENT MAL APPRÉHENDÉ : LE MAL AIGU DES MONTAGNES. QUELQUES INFORMATIONS ESSENTIELLES POUR ADOPTER LES BONS REFLEX
Le mal aigu des montagnes, parfois appelé « MAM » ou plus simplement « mal des montagnes », est un phénomène souvent mal appréhendé, qui suscite des inquiétudes de la part des voyageurs amenés à séjourner en altitude. Malgré tout, en comprenant davantage le phénomène, et en adoptant quelques principes simples d’acclimatation, le mal aigu des montagnes ne présente pas un risque rédhibitoire à la découverte du Tibet, du Ladakh ou des hauts plateaux andins. Même s’il est vrai que pour certains voyages précis, la gestion du MAM devient primordiale, lorsque, par exemple, la montée en altitude s’effectue très rapidement. Atterrir à La Paz, en Bolivie, ou à Leh, au Ladakh, toutes deux à une altitude de 3 700 mètres, placera le voyageur dans une phase d’acclimatation immédiate, avec une vigilance accrue. Autre exemple, bien à propos sur ce numéro, avec le Kilimandjaro, proposé par les agences en une petite semaine, pour une montée au sommet à 5 895 mètres ! Autrement dit, sans réelle acclimatation. Avec des conséquences parfois critiques : au mieux, on risquera de « rater » le sommet ; au pire…
Pourquoi le MAM ?
En altitude, la pression atmosphérique (et donc la pression d’oxygène) diminue et il y a donc moins de molécules d’oxygène disponibles pour l’organisme dans un même volume d’air. La quantité d’oxygène disponible à 5 000 mètres correspond à la moitié de celle disponible au niveau de la mer. Face à ce manque d’oxygène (ou hypoxie), l’organisme réagit en enclenchant plusieurs mécanismes : le premier consiste à augmenter la ventilation et la fréquence cardiaque afin de capter davantage d’oxygène dans l’air et de transporter celui-ci plus rapidement vers les organes qui en ont besoin. Cette réaction est immédiate et dure plusieurs jours. Le second mécanisme mis en place par notre organisme correspond à une augmentation du nombre de transporteurs d’oxygène – c’est-à-dire les globules rouges – produits par la moelle osseuse. Leur temps de fabrication explique qu’il faut au minimum une semaine de séjour en altitude pour assister à leur augmentation dans le sang. C’est ce phénomène que l’on désigne par le terme d’« acclimatation à l’altitude ». Lorsque l’acclimatation n’est pas encore totale, le randonneur qui évolue en haute montagne est soumis à un risque majeur : le mal aigu des montagnes (MAM). Son principal facteur d’apparition est une montée trop rapide en altitude.
Quels symptômes ?
Lorsqu’on évolue à une altitude supérieure à 2 500 mètres, il convient d’être attentif aux signaux envoyés par notre corps, car ce sont eux qui seront à même de nous renseigner sur notre acclimatation. La plupart du temps, le mal aigu des montagnes est bénin et se caractérise par des maux de tête (96 % des cas), une fatigue importante, des troubles du sommeil (35 % des cas), des vertiges, une perte d’appétit et des nausées ; on remarque également fréquemment une irritabilité. Ces premiers symptômes apparaissent généralement dans les 6 à 24 premières heures de séjour à votre « altitude seuil » (on peut le constater pour certains dès 2 500 mètres d’altitude). Si le trekkeur continue sa progression en altitude, des complications graves, voire mortelles, peuvent survenir. La bonne attitude consiste donc à adapter sa progression à son état, en analysant différents paramètres. Avec l’expérience, cette démarche devient quasi instinctive, mais différents outils, tel notre « test à points » (voir ci-contre) peuvent nous aider à effectuer un premier diagnostic. Certains guides prennent soin, également,
d’emporter le cas échéant un oxymètre, un petit appareil qui, pincé au bout du doigt, va permettre de mesurer la concentration d’oxygène dans le sang, et de se faire une idée plus précise de l’état d’acclimatation de la personne.
Prévenir, plutôt que guérir
La meilleure prévention au mal aigu des montagnes est, bien évidemment, une acclimatation correcte. La grande règle d’or est de ne pas monter trop vite, trop haut : 300 à 500 mètres de dénivelée par jour en moyenne au-delà de 3 500 mètres, l’important étant la différence d’altitude entre les nuits consécutives (le passage d’un col dans la journée peut nécessiter une ascension plus importante, mais il faut redescendre dormir plus bas). Si vous vous sentez en forme, vous pouvez, une fois arrivé au bivouac, monter de 200 à 300 mètres, y rester une heure et redescendre. Idéalement, on veillera en outre à effectuer une nuit supplémentaire à la même altitude à chaque fois que l’on franchit un palier de 1 000 mètres. On veillera également à une parfaite hydratation ; un bol de thé plusieurs fois par jour est un grand classique mais dans tous les cas, la gourde à portée de main est un impératif.
Quels risques ?
Le principal danger du mal aigu des montagnes n’est pas son apparition (tout le monde y a droit un jour ou l’autre…) mais notre attitude et nos décisions lorsqu’il survient. En cas de mal aigu des montagnes, il est essentiel de connaître les réflexes à avoir au vu des symptômes et en avoir conscience pour bien réagir. Les deux conséquences vitales engendrées par un MAM sont l’oedème pulmonaire et l’oedème cérébral de haute altitude : - l’oedème pulmonaire correspond à la présence de liquide dans les alvéoles pulmonaires permettant normalement les échanges gazeux entre l’air que l’on respire et le sang. Symptômes : toux, crachats, lèvres bleues puis insuffisance respiratoire ;
- l’oedème cérébral se détecte par des maux de tête très importants non calmés par les antalgiques, des vomissements en jets, une fatigue extrême, des troubles du caractère, de la coordination, de l’équilibre et des hallucinations. Dans les deux cas, le coma puis la mort en quelques heures sont inévitables si la descente n’est pas immédiate. Dans le doute, il vaut mieux considérer tout signe anormal comme lié à l’altitude et redescendre, même si cela bouleverse le programme prévu.
Prendre du Diamox ?
Dans tous les cas, tout voyage en altitude nécessite une consultation préalable avec votre médecin traitant. Seul votre médecin est habilité à vous délivrer une ordonnance en vue de constituer votre pharmacie de voyage et de vous adresser des recommandations précises sur les risques et les traitements éventuels. Certains voyageurs emportent un traitement à base d’acétazolamide (Diamox®) pour prévenir ou traiter le mal des montagnes. Ce diurétique favorise l’élimination urinaire des ions bicarbonates fabriqués en grande quantité par l’organisme lors du séjour en altitude et responsables du mal aigu des montagnes (MAM) et de ses complications. Ce médicament améliore incontestablement l’acclimatation. Mais cette prise de traitement n’est pas sans risque car elle a également pour effet de masquer les éventuels symptômes, et donc la survenue de complications graves. Pour la majorité des séjours en altitude, la prise de Diamox® est inutile car un schéma de progression raisonnable doit permettre une acclimatation naturelle. Il sera donc réservé, sur prescription médicale, à des sujets ayant des antécédents de MAM malgré une progression correcte, à des circonstances particulières (arrivée d’emblée à haute altitude par moyen de transport), ou au sujet ayant une mauvaise réponse ventilatoire à l’hypoxie dépistée par un test d’effort en hypoxie simulée au cours d’une consultation spécialisée de médecine de montagne. Dans tous les cas, consultez votre médecin avant de partir, et portez une attention particulière à votre programme, pour privilégier la meilleure acclimatation possible, garantie d’un voyage réussi.