En 1950, la découverte du lac Tilicho
HISTORIQUE
Une très belle description du lac gelé est faite dans le récit de Maurice Herzog Annapurna, premier
8 000 qui relate la célèbre première ascension de l’Annapurna 1H le premier sommet de plus de 8 000 m. Si le chef d’expédition et auteur est contesté pour la mainmise qu’il a gardée sur le récit de cette formidable aventure humaine, le récit n’en reste pas moins un ouvrage majeur de la littérature alpiniste. Il décrit la traversée du col et du lac gelé du Tilicho, à la recherche du sommet de l’Annapurna, invisible depuis le sud du massif (le passage du col ne leur permit pas d’apercevoir le sommet, il aurait pour ça fallu remonter plus haut sur le versant sud du lac comme nous l’avons fait dans cette variante de la traversée par le plateau du Moon Lake). Soixante-dix ans plus tard, la découverte des Français, dans leur recherche d’un passage vers le sommet, fait désormais le bonheur des randonneurs.
Rapidement le chemin est enfoui sous la neige. Dans ces conditions, il faut compter une dizaine d’heures de marche pour arriver au plateau du Moon Lake, déjà au-dessus de la barre symbolique des 5 000 mètres.
Les zones parfaitement plates définissent le contour des nombreux petits lacs du plateau. Paradoxalement l’eau se fait rare, emprisonnée sous une épaisse couche de neige et de glace. Il faut rationner le stock de gaz pour faire fondre la neige. Un bivouac sur l’arête à l’est du cirque est l’occasion d’accéder à un panorama central sur la vallée de Manang. C’est le premier point de vue sur le sommet des Annapurna qui dépasse à peine de la forteresse que forment la dizaine de kilomètres d’arêtes entre le Tilicho Peak et le Gangapurna. D’ici, une sortie possible se devine de l’autre du plateau, vers l’ouest. Un col sans nom permettrait de rejoindre directement le bassin du Tilicho sans avoir à redescendre sur l’itinéraire du camp de base. La pente est soutenue et nécessite de passer avant la fin de matinée, lorsque la neige est encore ferme. L’air pur d’altitude permet d’avoir une vision à des kilomètres à la ronde jusqu’au Manaslu. Le lac Tilicho reste encore invisible depuis ce promontoire. Il faudra aller poser la tente sur l’arête d’en face, juste au-dessus du lac pour découvrir la grande étendue plate, encore recouverte de neige et de glace.
LA PANTHÈRE DES NEIGES
Cela fait déjà plus d’une semaine que nous progressons au-dessus de 5 000 mètres d’altitude, couvert de neige parfois jusqu’aux hanches. Malgré les premières petites gelures, le moral remonte à la vue de ce lac gelé dans un camaïeu de blanc dessinant de légères ondulations. Directement après le lac, un dédale de séracs qui semblent défier la gravité couvre l’immense face nord sous l’arête qui relie l’Annapurna au Tilicho Peak. Régulièrement, certains se fracassent en avalanches qui recouvrent une partie de la face avant de se dissiper dans un nuage de poudreuse. La zone abrite une faune discrète, résistante à cet environnement hostile. Des empreintes de gros chat trahissent la présence récente d’un véritable mythe himalayen. La panthère des neiges est l’un des seuls mammifères terrestres à vivre toute
Le souffle des avalanches parcourt la face nord, avant de se dissiper dans un nuage de poudreuse