LA CLÉ DE SORTIE DU BALTORO
SI LES CONDITIONS ET LA MÉTÉO SONT FAVORABLES, LE PASSAGE DU COL DU GONDOGORO PROPOSE UN VÉRITABLE TREK DANS LE TREK DU K2. OU PLUTÔT : UN LÉGER AU-DELÀ DU TREK, AUX PORTES DE L’ALPINISME. DU GRANDIOSE, QUOI…
Une porte de sortie dérobée. Un court-circuit métamorphosant la physionomie du (long) aller-retour sur le Baltoro en une boucle Askole - Concordia - Gondogoro La - Hushe ? Nul ne sait exactement qui furent les premiers passagers du Karakoram à emprunter ce col, et si ce point de transition était localement utilisé dans le passé. Mais depuis plus d’une quarantaine d’années, pour les trekkeurs tout comme pas mal d’expéditions, le passage du Gondogoro est devenu, pour deux raisons essentielles (beauté de l’itinéraire et rapidité de « sortie » du Baltoro), une option à forte valeur ajoutée. Le col glaciaire, coté à 5585 mètres sur de nombreuses cartes, est niché au sud d’un affluent du glacier Vigne, à une petite journée de Concordia : six à sept heures sont nécessaires pour remonter la rive gauche du haut Baltoro, avant de bifurquer sud sur le glacier Vigne, pile sous les contreforts du Chogolisa, un sommet qui détint longtemps le « record d’altitude » atteinte dans l’Himalaya (7 498 m en… 1909 !). Le point avancé d’Ali Camp (5 000 m) marque le vrai point de départ du passage du Gondogoro La. Une ambiance « expé » pour tous les prétendants ? Démarrage de nuit, peu après minuit, pour franchir classiquement le col aux premières lumières de l’aube. L’itinéraire s’élève d’abord doucement au fil d’une moraine latérale au-dessus d’Ali Camp, avant de couper le glacier à l’horizontale, et d’attaquer les cinq cents mètres de pentes (40° / séracs) qui mènent au col proprement dit. Au nord : l’horizon du K2, des Gasherbrum et du Broad
Peak « vus d’un peu plus haut ». Et mille deux cents mètres sous vos pieds, la vaste vallée du glacier du Gandogoro, balisé par la beauté du Laila Peak et des forêts de 6 000 entourant les K6 et K7… Grandiose? Le début de la descente, raide et délicate (dalles et pierriers) sur cinq cents mètres, tombe sur le camp de Khuispang. Fin complète des hostilités? De là, via une dernière nuit à Saicho, le petit village isolé d’Hushe (3 000 m), sous les Masherbrum, n’est plus qu’à deux jours de descente quasi bucolique (pelouses alpines et pâturages…).
Si le Gondogoro La n’est pas difficile techniquement parlant – course de niveau Facile (F), nécessitant la maîtrise du cramponnage, l’utilisation de piolet et de jumars sur cordes fixes –, la nuit en altitude, les embouteillages avec les porteurs généralement mal équipés et la descente délicate sur le versant Hushe renvoient cette partie du trek à une véritable petite ascention. Alors que la remontée du Baltoro ne pose pas de problème majeur en cas de neige, les conditions météo sur cette section finale de l’itinéraire sont déterminantes en termes de sécurité des groupes… et des porteurs. D’expérience : la sortie du Baltoro par le col magique fonctionne globalement, en période de trek estivale… une fois sur deux.