Kungsleden, la Voie royale
425 km / 22 jours / Difficile
Sans réelle difficulté technique, la Kungsleden présente toutefois une longueur et un engagement importants, dans un environnement climatique souvent capricieux.
ÉTAPE 1 Abisko / Abiskojaure 3 h / 13 km / +105 m
Une première étape assez courte qui laisse le temps d’arriver en train. Le chemin traverse des forêts en remontant une rivière bouillonnante jusqu’au refuge d’Abiskojaure.
ÉTAPE 2 Abiskojaure / Alesjaure 3 h 30 / 22 km / +330 m / -40 m
La piste s’élève rapidement au-dessus de la zone forestière. On débouche sur une très large vallée « d’altitude », témoin de la puissance glaciaire des temps géologiques. En remontant cette vallée, on tombe sur le refuge d’Alesjaure, au bord de la rivière.
ÉTAPE 3 Alesjaure - Sälka 6 h / 25 km / +370 m / -300 m
Paysages de taïga uniquement sur tout le parcours, qui remonte un torrent en le franchissant par des ponts ou en passant à gué. Passage du col de Tjäktja à mi-chemin.
ÉTAPE 4 Sälka / Kaitumjaure 8 h / 25 km / +150 m / -250 m
Le sentier remonte la rivière, au pied d’imposantes montagnes jusqu’à déboucher sur un grand lac à proximité duquel se trouve le refuge.
ÉTAPE 5 Kaitumjaure / Vakkotavare 7 h / 22 km / +600 m / -780 m
Cheminement facile jusqu’à la route, d’où il faudra prendre un bus pour rejoindre Saltoluokta. Première traversée de lac à l’aide de barques.
ÉTAPE 6 Saltoluokta / Sitojaure 6 h 30 / 20 km / +425 m / -120 m
M’abord en forêt, le chemin gagne en altitude pour redescendre sur la vallée suivante au sud. On est aux marges du Sarek, la zone la plus sauvage d’Europe.
ÉTAPE 7 Sitojaure / Aktse 4h30 / 13 km /+330 m / -490 m
Même configuration que l’étape précédente : gagner les hauteurs pour changer de vallée. Avant de redescendre, un belvédère sur la droite permet d’observer l’impressionnant delta du Rapadalen.
ÉTAPE 8 Aktse / Pårtestugan 8 h / 20 km / +385 m / -345 m
Une étape entièrement forestière, sans difficulté. Ne pas s’écarter du chemin au risque de s’enfoncer dans une tourbière.
ÉTAPE 9 Pårtestugan / Kvikkjokk 6 h / 16 km / +80 m / -270 m
Nouvelle étape en forêt vers le sud-ouest. Nombreux moustiques à prévoir, mais aucun problème d’orientation. Hébergement : refuge de Kvikkjokk.
ÉTAPE 10 Kvikkjokk / Tsielekjåhkå 5 h / 15 km / +480 m / -200 m
Nous entrons ici dans la partie la plus sauvage de la Kungsleden, sans refuge gardé. Attention à ne pas se perdre. Le chemin passe par une impressionnante forêt de bouleaux, entre talwegs et plateaux en hauteur.
ÉTAPE 11 Tsielekjåhkå / lac Gistojávrátj 7 h / 18 km / +400 m / -400 m
Belle grimpette jusqu’au plateau d’où s’ouvre une vue impressionnante. Ensuite, le chemin entame une longue descente ponctuée de quelques bosses jusqu’au lac. Beaux sommets environnants.
ÉTAPE 12 Lac Gistojávrátj / colline de Båråktjåhkkå 8 h / 20 km / + 570 m / - 160 m
La Kungsleden longe la rivière Pite, qu’elle traverse par deux ponts. S’ensuit une montée assez raide vers un plateau où il est possible de camper, au-dessus de l’étage forestier.
ÉTAPE 13 Colline de Båråktjåhkkå / Jäkkvik 8 h / 21 km / +280 m / -360 m
L’étape débute par une descente dans une forêt de bouleau, puis se poursuit dans la taïga jusqu’à Vuonatviken, où il faut prendre un bateau (payant) pour traverser le lac. Ensuite, le chemin se poursuit dans la forêt jusqu’à Jäkkvik. Nouvelle traversée de lac en barque et itinéraire assez long sur terrain difficile.
ÉTAPE 14 Jäkkvik / Adolfsström 8 h / 22 km / +540 m / -90 m
Une étape dans le parc national du Pieljekaise, principalement à travers les forêts de bouleau, sous l’égide des sommets environnants hauts de plus de 1 000 m.
ÉTAPE 15 Adolfsström / Sjunlttje 6 h / 23 km / +400 m / -100 m
Aux premiers dix kilomètres très plats en bordure de lac, succèdent dix autres kilomètres en légère pente.
ÉTAPE 16 Sjunlttje / Rävfjället 8 h / 25 km / +260 m / -520 m
Le sentier suit une longue moraine et grimpe sur le plateau de Björkfjället. Redescente sur la vallée de la Vindelälven.
ÉTAPE 17 Rävjället / Ammarnäs 8 h / 21 km / +540 m / -580 m
Après la traversée de la Vindelälven, la Kungsleden remonte une longue ligne avec d’impressionnants panoramas sur les sommets environnants, avant de redescendre sur Ammarnäs.
ÉTAPE 18 Ammarnäs / Aigerstugan 2 h / 8 km / + 350 m
Une étape très courte qui s’élève au-dessus de la vallée par une pente raide. Vue imprenable en haut.
ÉTAPE 19 Aigerstugan / Servestugan 6 h / 19 km / +490 m / -540 m
La journée la plus haute en altitude de toute la Kungsleden (exception faite du col de Tjäktja), à environ 1 050 m. Le sentier grimpe sur un vaste plateau avant de redescendre par une forêt de bouleau.
ÉTAPE 20 Servestugan / Tarnasjöstugan 6 h / 14 km / +120 m / -130 m
Un chemin en quasi-ligne droite, succession de petites crêtes entre 700 m et 900 m, entre les sommets environnants.
ÉTAPE 21 Tanasjöstugan / Viterskalsstugan 8 h / 26 km / +400 m / -100 m
Longue avant-dernière étape de la Kunglseden. Un début complètement plat jusqu’à Syterstugan, un refuge non-gardé en basse saison. Puis, le sentier monte jusqu’au refuge de Viterskalsstugan, à près de 900 m.
ÉTAPE 22 Viterskalsstugan / Hemavan 8 h / 11 km / +120 m / -300 m
L’étape finale ! Un début dans les mêmes environnements montagneux que la veille, pour finir avec les pistes de ski en ligne de mire, signe de l’arrivée sur Hemavan.
Incognita, les contrées boréales ont été progressivement investies à la fin du XVIe siècle, lorsque le roi Gustave Vasa décida que tout le nord de la péninsule scandinave était dorénavant partie inté
grante du royaume. Il faudra attendre le XIXe siècle pour que les Suédois commencent à s’aventurer au coeur du Sarek, pourtant habité par les Samis, peuples premiers, depuis des millénaires.
LA VIE DANS LES BOIS
Plus personne. Pas même la silhouette d’un randonneur pendant des jours. Depuis les plateaux, nous devinons le sentier qui se perd dans les infinités de taïga. Nous entrons dans le parc national du Pieljekaise, qui recense quelques rares abris de bois. Nous maudissons la pluie, qui s’abat sans discontinuer, nous trempe et nous enferme dans notre tente. « Il n’y a pas de mauvais temps, juste de mauvais équipements », raconte l’adage local.
Les Lapons eux, étaient rompus aux rigueurs du climat. Depuis plusieurs millénaires, les membres de l’ethnie sami endurent la rudesse du grand nord européen. Scheffer les décrivait comme « les plus petits hommes du septentrion, grands ordinairement de trois coudées et quelquefois plus petits ». Dans une exemplaire démonstration d’ethnocentrisme, il les qualifiait de « superstitieux, lâches et craintifs ». Bien avant l’arrivée de l’homme moderne, les peuples premiers vivaient pourtant en symbiose avec leur milieu. On leur doit la domestication du renne, dont l’élevage demeure encore aujourd’hui leur privilège en Suède et en Norvège.
Nous nous échinons à trouver un chemin dans les marécages noyés, puis sur les reliefs embrumés.
Au temps des premiers grands voyages, on connaissait mieux les reliefs d’Amérique du Sud que ceux de l’Europe du Nord
Le soleil de minuit est un formidable allié dans cette course à travers les bois. Nous précédant de trois siècles, le naturaliste Carl Von Linné racontait dormir deux fois moins en été qu’en hiver au cours de ses voyages en Laponie. Méthodique à l’extrême, le scientifique suédois allait révolutionner la classification du vivant par la rigueur de ses observations, qu’elles concernent le végétal, l’animal ou les populations autochtones. Mon camarade s’égare, non loin de la fin. Perdu dans ses pensées, il a tiré tout droit dans le dédale de roches et a disparu dans la brume. Je le retrouverai miraculeusement dix heures et vingt kilomètres plus loin, aidé par les Samis. Comment s’orientaient-ils autrefois ? Sans même connaître l’existence de la boussole, ces hommes des bois observaient la composition des branches et de l’écorce, la présence d’herbe, de lichens et de fourmilières pour différencier le nord du sud. Durant trois semaines, nous avons marché dans leurs traces. Si l’exploration géographique est révolue depuis des lustres, le Norrland demeurera encore longtemps une exceptionnelle terre d’aventure.
Nous nous échinons à trouver le chemin. Le soleil de minuit est un formidable allié dans notre course à travers les bois