L’IMPOSSIBLE PROTECTION ?
ESPACE NATUREL EMBLÉMATIQUE DES ALPES POURTANT SOUMIS À D’IMPORTANTES MENACES, LE MASSIF DU MONT-BLANC NE DISPOSE PAS ENCORE D’UN RÉEL SYSTÈME DE PROTECTION TRANSNATIONAL, MALGRÉ LES PROJETS EN COURS.
C’était le 13 février dernier. Face à une Mer de Glace décrépite, le président de la République lâchait : « Je n’imaginais pas une fonte aussi rapide, c’est impressionnant. Voilà comment les non-décisions ont fait pour en arriver là ». D’après les études scientifiques, le glacier, symbole de la décadence d’un massif lui-même emblème de nos montagnes, reculerait de huit à dix mètres par an. Dans la foulée, le gouvernement annonçait un plan de protection pour le massif et sa biodiversité, qui n’a, à l’heure où nous écrivons ces lignes, pas encore été détaillé. Interpellé dans une lettre ouverte par Laurent Wauquiez (président de la région Auvergne-Rhône-Alpes) et Éric Fournier (maire de Chamonix) sur la pollution de la vallée de l’Arve, Emmanuel Macron rétorquait : « Je ne peux pas interdire aux camions de passer ». Une « non-décision » ? Au moins un constat : sur le toit
de l’Europe, les neiges ne sont plus éternelles.
L’ENVERS DU MASSIF
Relativement restreint en superficie, avec une aire de 400 km2, étendue à 3 500 km2 en prenant en compte les vallées alentour, le massif est un condensé de ce que les Alpes possèdent de beau. « Tout l’ensemble de cet immense panorama dont les dômes neigeux dominant la riche végétation de la vallée, semblent les palais d’été du dieu de l’hiver », écrivait Alexandre Dumas en 1832, alors de passage dans la région, précédant FrisonRoche qui s’émerveillait devant « le site glaciaire le plus grandiose d’Europe ». Des « monts affreux » du XVIIIe siècle, les cimes sont devenues monts sublimes. Une carte postale qui attire chaque année un nombre croissant de visiteurs, désormais au bord de la saturation. Dans un rapport intitulé Le tourisme de masse à l’assaut du MontBlanc, l’ONG Mountain WIlderness dénonce la surfréquentation des vallées, qui compteraient cinq à six millions de visiteurs annuels, dont 20 % utilisant les remontées mécaniques pour s’élever sur les versants. La FFRandonnée estime que 25 000 randonneurs réalisent chaque année le TMB. Additionné aux autres promeneurs et multiplié par le nombre de sentiers existants, le chiffre explose. C’est autant qu’une autre statistique qui fait grincer des dents : le nombre de prétendants au toit de l’Europe. Des alpinistes expérimentés mais aussi une cohorte de novices que la nouvelle réglementation concernant l’accès au sommet depuis la voie normale permet maintenant de limiter. Si la majorité des pratiquants de sports nature respectent le milieu, certains comportements ont fait bondir élus et opinion publique, à l’image de cette cordée suisse qui s’est posée en avion de tourisme à 4 450 m avant de finir les dernières pentes à pied. « Une atteinte intolérable à l’environnement de haute mon