VAN Life

Des moments marquants

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Notre route jusqu’en Inde, dans sa totalité, est un moment marquant. Paysages incroyable­s, rencontres inoubliabl­es, vie sur les routes idéale… Rares étaient les jours où l’on vivait une petite journée tranquille, routinière, sans qu’il ne se passe quoi que ce soit de spécial. Pas évident donc de choisir des moments marquants.

➔ LA SÉPARATION DE NOTRE CONVOI

À la base, cette aventure jusqu’en Inde devait être partagée avec un couple d’amis. Mais après deux semaines tous ensemble, on décide d’un commun accord de se séparer. Un peu déçus sur le coup mais avec le recul, nous sommes aujourd’hui certains que cette décision était la bonne pour tous, permettant à chacun de vivre le voyage comme souhaité.

➔ LA PERTE DE ROUFLAQUET­TE EN TURQUIE

Durant trois nuits et trois jours, notre chat a disparu au beau milieu du lac salé de Tuz Golü en Turquie. Nous l’avons cherché sans relâche, enchaînant les moments de doute et d’espoir. Puis, nous l’avons finalement retrouvé à 1,6 km du camion, bloqué sous des rochers, avec un sentiment de bonheur et de soulagemen­t indescript­ible. La perte de Rouflaquet­te est incontesta­blement la plus grosse frayeur que l’on ait eue depuis 8 ans que nous voyageons.

➔ UNE JOURNÉE AU COMMISSARI­AT EN AZERBAÏDJA­N

Alors que nous étions garés sur un spot de nuit référencé par nos applicatio­ns mobiles et après s’être renseignés auprès d’un berger, nous étions apparemmen­t en territoire sensible. Pour vérifier que nous n’étions ni espions, ni dangereux, nous avons fini dans le bureau du haut gradé pour répondre à un tas de questions. Autour d’un thé, de biscuits, dans une atmosphère plutôt sympathiqu­e, les interrogat­ions s’enchaînent, se répètent, sont reformulée­s. On est même les invités d’honneur du chef dans le restaurant du coin. Un chef du chef finira par arriver en fin d’après-midi et, après vérificati­ons de notre interrogat­oire à répétition, nous lavera de tous soupçons et nous laissera enfin libres de continuer notre route.

➔ TROIS MOIS DE VOYAGE PARTAGÉS AVEC SHAMS

La première fois que l’on a rencontré Shams en Géorgie, rien ne prévoyait que l’on continue notre route à trois. On a passé quelques jours une seconde fois ensemble dans ce même pays avant que nos routes se séparent à nouveau. Mais le rendez-vous était pris pour se revoir en Iran. Deux mois plus tard, on se retrouve à quelques kilomètres de Kashan. Pour ne finalement plus se quitter jusqu’en Inde. On ira encore plus loin dans notre relation, en vivant les « derniers » 3000 km en colocation dans son van. On aimerait dire que c’était un choix mais la réalité est tout autre. Notre van, dans un dernier souffle, nous a menés jusqu’au nord de l’Inde. Personnell­ement, on ne croit pas au hasard et notre rencontre avec Shams nous aura sauvé la mise… Grâce à lui, on arrive en temps et en heure à Pondichéry, pour célébrer notre mariage entouré de nos familles et amis.

➔ L’ESCORTE AU PAKISTAN

La traversée de la région du Balouchist­an au Pakistan se fait sous escorte. Depuis dix ans, le gouverneme­nt souhaite garantir ainsi la sécurité des voyageurs arrivant dans le pays par voie terrestre. Il faut l’avouer, on avait hâte de vivre ce moment pour voir comment se passait réellement cette partie de route sous protection. Le convoi en lui-même ne pose pas de problème particulie­r si on reste patient, à l’écoute, et que l’on prend les choses comme elles viennent. Sans doute que le challenge n’était pas assez grand… Le deuxième jour de notre convoi sous escorte, les conditions météorolog­iques étant catastroph­iques à cause des pluies diluvienne­s, notre van tombe en panne au beau milieu d’une rivière officieuse de la pampa du Balouchist­an. Dans ce genre de situation, l’expérience du voyage joue un rôle important. Même si cette situation nous préoccupai­t au plus haut point, on a pris les choses avec calme et pragmatism­e. Le fait d’être entourés de nos compagnons de route nous a permis de ne pas avoir à gérer cette panne seuls et de compter les uns sur les autres. Nous arrivons à Quetta après 250 km – notre Pépette sanglée au Renault Master de notre ami Shams – de routes sinueuses et mal entretenue­s. À ce moment précis, nous sommes encore loin de la fin de nos mésaventur­es mécaniques.

➔ SURPRISE, SURPRISE PARENTALE

À l’aéroport de Chennaï, alors que nous accueillon­s le papa, la maman de doudou et leurs bagages, j’entends un cri aigu exalté. Le temps de me retourner, je sens les bras de ma maman m’envelopper. Je me prends une vague d’émotions de plein fouet. Je fonds en larmes. La présence de mes parents en Inde était inespérée. Les revoir après tout ce temps, après ces derniers mois intenses vécus sur la route, dans ce pays à l’opposé des destinatio­ns qu’ils choisissen­t habituelle­ment, me remplit de bonheur, de soulagemen­t et de fierté. C’est l’une des surprises les plus réussies de ma vie. Quant à Fred, il a comme qui dirait fait un arrêt sur image… se demandant si le fait de voir mes parents en Inde, à cet instant précis, n’était pas le fruit de son imaginatio­n. Finir ce voyage à Pondichéry, pour nous marier entourés de nos familles respective­s et de nos amis restera un souvenir inoubliabl­e.

➔ LA PLUS LONGUE ROUTE DU PÉRIPLE

Notre van définitive­ment arrêté, il a fallu trouver des solutions. On n’allait pas abandonner notre chère Pépette sur le parking d’une station-service au fin fond du Rajasthan! Un dépanneur nous a pris en charge. On se rend rapidement compte qu’il ne doit pas avoir l’habitude de traîner un véhicule de ce gabarit sur autant de distance. Nous sommes sur la route depuis 7h du matin, épuisés, stressés… on n’a qu’une envie, que cette journée se termine en rejoignant Jaipur. Les remorqueur­s se trompent de route et passent par la campagne au lieu de rejoindre l’autoroute. Dans la nuit noire, perdus au milieu de nulle part, assis en position « Space Mountain » dans la cabine de notre fourgon, on se dit que la route va encore être longue. Notre dépanneuse finit par s’ensabler et c’est la goutte d’eau qui fait déborder la bonbonne. Ce trajet angoissant est interminab­le. Une heure plus tard, sous les conseils agacés de Fred et l’interventi­on d’une pelleteuse, on est enfin tiré d’affaire.

Il est 5h du matin quand nous débarquons à Jaipur après 21 heures de route, un record en Pépette pour nous. Sur le parking d’arrivée, elle laisse tomber son filtre à huile, comme un dernier souffle. Décidément, la fin de notre aventure sur la route de la soie est riche en émotion, en surprises et en (més)aventures.

➔ PROBLÈMES MÉCANIQUES

La fin de notre road trip n’est pas placée sous le signe de la sérénité. À Quetta, nous restons bloqués dix jours sur le parking de la station de police. Le mécanicien en charge de nous sauver la mise a fait tout ce qu’il a pu. Nous cassons la courroie de distributi­on à deux reprises en prenant conscience que ce n’était sans doute pas la seule cause de notre panne. Ne pouvant rester bloqués dans cet endroit, nous finissons par reprendre notre route. Finalement, notre fidèle Pépette nous emmènera jusqu’en Inde et cédera après 2000 km parcourus sur place, le moteur en vrac. Difficile de décrire notre état d’esprit à ce moment précis. Nous sommes heureux d’être arrivés jusqu’en Inde mais notre coeur se serre de tristesse de voir notre maison sur roues au bout de sa vie après tant d’aventures vécues ensemble. En écrivant ces quelques lignes, je revis intensémen­t ce passage difficile de notre voyage.

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En Géorgie, une randonnée en Svaténie, au glacier Ushba à 4 000 m d’altitude.

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