Nouvelles vagues
Ça n’a rien d’une légende, le surf et le van croisent toujours leurs chemins aux abords des plages, les adeptes de l’un utilisant souvent l’autre pour rester au plus près de leurs spots. Post-déconfinement, nombre de surfers ont enfin pu laisser leur vague à l’âme à la maison et reprendre la route de l’océan pour célébrer le retour aux vagues, les vraies. Nous sommes allés à la rencontre d’une poignée d’entre eux.
Fin mai. On ne fait pas encore ce qui nous plaît, mais ça va déjà mieux qu’en avril où seuls les très proches des plages (moins de 10 km) pouvaient envisager se découvrir d’un fil, enfiler leur combinaison et se jeter à l’eau. Nous sommes à Biscarrosse, au nord des Landes, un des spots les plus connus pour le surf sur la côte Atlantique. Fin mai, un peu frais quand même mais le ciel s’est dégagé ces derniers jours et l’horizon aussi… pour remettre le cap vers l’océan sans contraintes de limitation dans les déplacements. Certes, les conditions climatiques ne permettent pas encore d’aller à la plage en short et tongs, mais c’est une période idéale pour s’approprier les immenses étendues de sable, sans la foule. Pas comme en été. Idem pour la belle aire de camping-cars des Viviers (accolée au camping du même nom), sous les pins et à seulement 400 m des premières vagues. Comme il n’y a pas plus près de l’océan et plus accessible pour faire étape à Biscarrosse plage, en haute saison, cette aire pourtant dotée de 180 places, ne désemplit pas. Post-déconfinement, les surfers que nous retrouvons là-bas sont néanmoins des locaux, et pas vraiment des débutants. Ils sont moniteurs de surf dans les écoles du coin et/ou pratiquants des spots de glisse depuis toujours.
La vanlife, l’autonomie indispensable et la solution dodo que leur procure le véhicule de loisirs, aménagé maison avec un espace dédié pour glisser une planche, ou déniché hors d’âge pour en limiter le coût d’achat, ça leur convient bien. Rien de mieux pour aller chercher les bonnes sessions, au bon endroit, au bon moment. Ils surfent ici, à Biscarrosse, mais pas que. Ils surfent partout où ça vaut le coup, jusqu’au Maroc en hiver pour certains d’entre eux. Ils partagent cette passion de la glisse et du voyage, indissociables au final. ◆
Pour eux, le bon équilibre, c’est vivre (de) leur passion
Si ce n’est pas vraiment avec un van qu’Antoine fait la route, mais plutôt avec un intégral de près de 30 ans d’âge, il colle bien à l’esprit vanlife. « Je l’ai depuis deux ans. Je cherchais vraiment un modèle Hymer de ce genre, très old school. Pour moi, l’idée c’était de partager le voyage avec des amis, autour de la table, sur la banquette. Avec mon véhicule, j’ai déjà “fait” le Maroc, le Portugal, l’Espagne, la Bretagne… Ici, je suis manager d’une école de surf et je passe les saisons au camping. En fait, je ne me vois jamais le revendre, c’est le meilleur investissement que j’ai pu faire. Il était en super état et n’avait que 60 000 km au compteur. Cela me permet d’avoir un rapport très particulier à l’activité sportive et au voyage aussi, un rapport au temps qui compte pour moi. Quand on voyage en avion et qu’on se retrouve à l’autre bout du monde sur un site de rêve, ça n’a pas la même valeur que de rouler 10h durant pour aller chercher un spot. J’aime avant tout cette façon de voyager, qui correspond à l’envie de rencontrer du monde. Ainsi, je ne me sens pas comme un touriste, mais bien comme un voyageur. »
C’est sur un Renault Trafic d’occasion que Lolita et Joe ont porté leur dévolu. « Nous l’avons depuis un an. Son petit nom c’est Memphis. Nous l’avons acheté nu, comme un utilitaire de base et avons fait les démarches auprès de professionnels pour l’aménager, mais ce n’était pas vraiment dans nos prix. On l’a donc aménagé avec une connaissance, et dans le but de rester le plus discret possible. » En effet, pas de toit relevable sur ce van, et pas plus de baie pouvant trahir un intérieur « camper ». Dedans, Lolita et Joe ont juste souhaité installer un lit relevable, repliable contre une paroi pour libérer l’espace jour avec un canapé en place. On trouve aussi un petit dressing pour ranger leurs vêtements, et un espace cuisine/repas à l’avant, juste derrière les sièges de cabine. « Il nous fallait ça pour nous évader le week-end, pour le surf comme pour la rando. » Lolita n’en est pas à son premier van, puisqu’auparavant, elle a déjà vécu deux ans sur la route, cette fois dans un Fiat Ducato Maxi. « Pour moi, le van c’est idéal pour aller le plus possible à l’essentiel. Ça permet de vivre mes rêves sans pression financière et donc avec une grande forme de liberté. » Joe, lui aussi, avait déjà goûté à la vanlife, mais cette fois à bord d’un Mercedes Vito, juste sommairement transformé pour accueillir un lit et les planches en dessous. Le couple réside à Sanguinet, c’est-à-dire à seulement une vingtaine de kilomètres de Biscarrosse plage, « mais nous venons souvent ici, où l’on dort avec l’océan aux premières loges, au calme et sous les pins. »