Vanity Fair (France)

Robes et bijoux

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La collection Archi Dior a été dévoilée au public lors de la Biennale des antiquaire­s.

Pour se détendre hors de Paris, pas d’Ibiza ou de Mykonos : il y a la petite maison à l’île de Ré, « une enclave ni Manif pour tous ni musée, pas de châteaux en béton, pas de panneaux publicitai­res ni de boutiques de luxe grâce aux règles d’urbanisme strictes ». Elle y retrouve ses enfants, dont certains sont déjà partis étudier la finance à Londres. Stan, Boni, Jules et la cadette Zoé. Pas de compte Instagram, pas de Twitter. Elle n’a été qu’un mois sur Facebook, avec le magnifique pseudo de Vicky Sucette. « Je me suis désabonnée très vite, c’est comme un animal de compagnie dont il faut s’occuper tout le temps et rien ne fait plus pitié qu’un compte Facebook à l’abandon. J’ai déjà trop de monde à la maison pour avoir ça en plus. Non, les SMS, c’est bien suffisant. » Chez elle, dans le XVIe arrondisse­ment, d’immenses canapés fleuris grâce à des imprimés Josef Frank, des céramiques de Vallauris, une impression­nante collection de photos d’Irving Penn, un crâne d’éléphant (qui, lui fait- on remarquer, ressemble étrangemen­t à Jacques Chirac quand on le regarde de profil), et une énorme bibliothèq­ue, remplie notamment de livres d’art. « J’ai ce problème de découplage. Cela a été diagnostiq­ué très tard chez moi. C’est l’impossibil­ité de lire et retenir ce qu’on vient de lire. On est obligé de tout apprendre par coeur. C’était une source de frustratio­n incroyable quand j’étais petite. Et pourtant, j’ai une culture visuelle énorme et une mémoire sans faille. Je fais de la rééducatio­n avec une orthophoni­ste. Je dois écrire en marquant les syllabes. “La mé- san- ge bleue per- ce les capsules de bou- teilles de lait pour se ré- ga-ler de crème.” Et ça marche. J’ai compris que ce n’était pas ma faute, que ce n’était pas de la paresse. » Voilà sans doute une des clés pour comprendre pourquoi Victoire de Castellane a dû inventer un monde fantasque ; parce qu’elle n’avait pas de prise sur le monde des mots.

Cette figure majeure et insolite de la mode, si typiquemen­t « noblesse française », avec un goût inné pour le foldingue et l’absence totale de limites, continue de faire rêver ses clientes. Elle se réinvente toujours au moment où l’on croit qu’elle a atteint son zénith, et son nouveau virage janséniste est finalement le plus surprenant. Dans son bureau, il y a un petit portrait d’elle par l’artiste Pierre Le-Tan, la représenta­nt avec sa frange immuable, sa bouche dévoreuse et un regard perçant, peut- être triste. Le dessin est encadré : son verre reflète la grande bibliothèq­ue et les milliers de références culturelle­s qui la constituen­t se superposen­t aux traits de son visage. Triste ou sereine, on ne sait pas. Inquiète, sans doute, aussi mystérieus­e que folle, Victoire de Castellane n’en est certaineme­nt pas à sa dernière incarnatio­n. �

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