Le joailler de se balade à Belleville
Rencontre avec Quentin Obadia rue Denoyez, à Belleville.
Avant de prendre la pose, il avoue ne pas être très à l’aise avec les photos. Le jeune responsable joaillerie de Lalique est donc venu soutenu par sa bande d’amis planquée à la terrasse des Folies à Belleville, ancien café- théâtre où se sont produits Édith Piaf et Maurice Chevalier. Il habite le quartier depuis 2010 et a choisi la rue Denoyez, minuscule passage mais haut lieu de street art, « pour sa mutation perpétuelle ». D’ailleurs, pendant la photo, quatre graffeurs ont « toyé » un mur. « Cette culture de rue et cet art brut parlent à l’anti-snob que je suis. » En effet, le parcours de Quentin Obadia est celui d’un bosseur low profile : en 2006, la maison Boucheron repère son travail lors de l’exposition de son projet de fin d’études à l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art, et l’intègre en stage. Venant du design, il ne connaît encore rien à la joaillerie mais s’amuse à dessiner quelques pièces. Ses croquis sont présentés « just for fun », parmi des dizaines d’autres dessins, à Jean-Christophe Bedos, alors président de la griffe... qui les sélectionne tous. Dans la foulée, Quentin Obadia passe du statut de stagiaire au poste de responsable du design horloger et joaillier qu’il occupera six ans. Chez Lalique depuis 2011, le créateur a livré trois collections de haute joaillerie. La dernière est inspirée de la déesse Gaïa. Les archives dans lesquelles il plonge pour dessiner ses bijoux lui sont familières : René Lalique était joaillier avant d’être verrier et avait notamment travaillé pour Frédéric Boucheron avant d’ouvrir sa propre boutique en 1905, au 24, place Vendôme. —