LES HOMMES MÈNENT LA DANSE
La guerre des sexes est déclarée ! Les petites filles représentent toujours une majorité écrasante dans les cours de danse. Pourtant les hommes occupent aujourd’hui la plupart des postes de pouvoir. ERICK GRISEL s’est penché sur ce paradoxe.
Ils s’appellent Boris Charmatz, Olivier Dubois, Christian Rizzo, Emanuel Gat, Yuval Pick, Akram Khan ou Pierre Rigal. Ils sont les nouvelles stars de la danse contemporaine. Chorégraphes et directeurs de compagnie, ces quadras aux tempes grisonnantes (ou à la franche calvitie) remplissent les gradins des festivals et suscitent à chacune de leurs créations l’admiration des critiques. Si Philippe Decouflé, Angelin Preljocaj, les Belges Jan Fabre et Sidi Larbi Cherkaoui ne figurent pas dans cette liste, c’est que leur renommée a franchi depuis longtemps les frontières européennes. Quant au Bordelais Benjamin Millepied, c’est nimbé d’une aura toute hollywoodienne qu’il vient de débarquer à la tête de l’Opéra de Paris, en remplacement de Brigitte Lefèvre.
Et les femmes, alors ? Qui donc pour prendre le relais d’Odile Duboc et de Pina Bausch, disparues il y a peu ? Surgies dans les années 1970, elles révolutionnèrent la scène européenne et la firent rayonner dans le monde pendant plusieurs décennies. Qui pour jouer dans la cour des grandes Mathilde Monnier, Maguy Marin, Karine Saporta ou Régine Chopinot ? Jetons un oeil sur la programmation du dernier festival Montpellier Danse : sur les seize chorégraphes invités, seuls trois étaient des femmes (le Festival d’automne à Paris a fait légèrement mieux en octobre : trois femmes sur les treize chorégraphes invités). Potassons le programme du Théâtre national de Chaillot : il est aux deux tiers masculin. Tout comme l’affiche de la Biennale de la danse à Lyon cette année. Un déséquilibre d’autant plus frappant qu’il suffit de mettre un pied dans un cours de danse à Paris ou en province pour l’observer : malgré l’arrivée en force du hip hop dans le paysage chorégraphique, les garçons y sont toujours minoritaires. « Il y a environ 20 % de garçons pour 80 % de filles dans nos cours, confirme , directrice du Studio Harmonic à
Christine Mélot Paris. Le plus emblématique, ce sont les cours pour enfants. L’autre jour, un petit garçon qui avait vu la comédie musicale Billy Elliot à Londres nous a téléphoné pour s’inscrire. Quand il a compris qu’il n’y aurait presque que des petites filles avec lui, il a renoncé. Il va falloir que je crée un cours réservé aux petits garçons pour qu’ils osent venir ! »