VANITY FLORE
Tous les ans, à Noël, mon père nous racontait l’histoire de l’île des jouets tordus où les joujoux cassés et défectueux se morfondaient en attendant d’être adoptés par des enfants aimants et acceptés pour ce qu’ils étaient. Dans la grande tradition Parterre, je la raconte aussi lors de la soirée de Noël de Vanity Fair. Seulement, ma version ne parle pas de jouets tordus mais des noms écorchés ; une île où les stars anglophones vivent piégés par la manière française de les prononcer. Approchez, petits enfants, et écoutez tante DoPa...
Il était une fois, dans un pays lointain, quelque part au nord de l’Atlantique, entre Franz-Joseph Land et [Kiefer Suther
Kiffeur-Seuzeur Land land], une île des noms écorchés. Ses habitants y étaient relégués à cause de leurs noms qui, prononcés avec l’accent français, étaient, disons, saugrenus. On n’y trouvait pas Justin Timberlake mais qui, dit ainsi, n’était pas un chan
Justine Tim-Beurlèque teur mais une dermatologue. Et elle n’était pas seule.
[Stan Smith], légende du tennis désormais plus Stan Smisse connu comme modèle de chaussures de sport, et
Paul Smisse (pas le styliste anglais Paul Smith) y fabriquaient des joggings ringards vendus à Los Angeles sous le nom de Sweets Smisse. Le duo était brouillé avec un troisième frère, (pas l’acteur Will
Will Smisse Smith) qui se faisait appeler comme s’il était de la fa
Will Smet mille de Jean-Philippe Smet, aka [Johnny Hallyday].
Jauni Ali Day D’autres avaient encore moins de veine. Ils étaient devenus des choses, des expressions, des lieux parfois.
Jacques-Ghislaine Hall [Jake Gyllenhaal] ne désignait plus un acteur mais une salle de réception. Aux banquets, on trouvait des
oeufs mandats si-frites [Amanda Seyfried] et du [Shia LaBeouf], un plat qui
chiale-boeuf exigeait, pour le digérer, une bonne rasade du whiskey local, le
[Tobey Maguire]. Les hommes portaient tourbé Mac Gouailleur des denims achetés au concept store allemand,
Jeans Ach Man [Gene Hackman] et les femmes coiffaient leurs cheveux en chignon tenu par une cuillère nommée [Reese
frise with hair spoon Witherspoon]. Malgré les maux qui les affligeaient, les habitants restaient optimistes et polis. Quand on croisait quelqu’un le matin, on le saluait d’un « » [Joaquin Phoenix] auquel
joie quine, fée nixe répondait un « » [Matthew McCo
ma tiou, ma connaud gaie naughey]. La façon correcte de remercier était « »
tom hank you [Tom Hanks] mais on se contentait souvent d’un simple « ».
hanx Le centre-ville de l’île était toujours en effervescence. Quand on ne papotait pas chez [Ben Stiller], le coiffeur local,
Ben Styl’Hair on s’entraînait au [Jim Carrey] avant d’aller boire un
gym carré verre au [Bar Refaeli]. On passait les soirées à jouer à bar Refaëli
[Matin Scorsese], une version autochtone de Martine Score says Jacques-a- dit, où le maître du jeu s’affuble de gros sourcils noirs et donne des ordres comme s’il dirigeait un film ennuyeux avec DiCaprio.
Le roi local s’appelait [Woody Harrelson], rejeton dégarni d’
Elle y Jah [Elijah Wood], une Espagnole un peu JaWood maïcaine, et de [Steve Carell].
Steeve K. Arel Arel fils recevait, assis sur un trône, le
David fine [David Fincher], coiffé d’une couronne chair de rameaux cueillis sur un [Olivia
Olivia Wild Wilde], une sorte d’olivier sauvage.
Tout était paisible jusqu’au jour où un monstre gigantesque fut découvert sur l’île, l’abominable homme de Jacques, le
huge Jacques [Hugh Jackman]. Il vivait dans man une grotte, la , sur un mon
Nick cave tagne, la [Colin Firth], dont
colline First le sommet avait été baptisé
Rosa-Mund [Rosamund Pike]. Les Écorchais et pic les Écorchaises étaient terrifiés, surtout la nuit quand ils l’entendaient rugir, le ventre plein de [Bill Murray], des noms écorchés comme
[Roger Moore], rrre ou
Mickey Rooooourrrrk mité d’envoyer et
Jon Favreau chaient que rarement leurs noms. Le plan consistait à remettre au monstre une lettre empoisonnée, le [Mel Gibson],
mail Jippsonne qui devait le laisser à [Demi Moore]. Et ça a marché !
demi-mort Les acteurs exultaient ; ils sont rentrés en descendant la montagne à dos de [Salma Hayek]. On les a décorés du
Salma A. yack Bryce [Bryce Dallas Howard] – à ne pas confondre avec le Dallas award
[Ron Howard] qu’on remet aux réalisateurs de films à Ron Award message lourdingues. Galvanisés par leur bravoure – et parce que c’était Noël quand même –, Wood y Arel son les invita à bord de ses deux traîneaux sous la houlette de son assistant, le
christenne [Kristen Stewart]. Tirés par douze stewart [Jeremy Renner], ils s’envolèrent pour filer à la vitesse de
Mach [Marc Jacobs] à travers le ciel à la conquête de foyers Jacques obs chaleureux qui accueilleraient les acteurs aux noms écorchés.
En cette nuit de Noël, on pouvait apercevoir, glissant dans les cieux, la silhouette de deux traîneaux chargés d’étranges freaks franglaises. Avec la grâce d’un [Patrick Swayze], un
Patrick Souhaise homme aux joues roses poussait son joyeux « joie quine, fée nixe » et aussitôt, une personnalité écorchée s’envolait pour trouver la chaleur d’un foyer. Avant d’avoir eu le temps de dire « hanx » , l’homme criait : « ! » [Anne Hathaway] aux traîneaux et pour
À nattes away suivait sa route, ponctuée de cet étrange salut aux âmes en peine qui répondaient par un « ma tiou, ma connaud gaie ! » dont l’écho résonnait dans le lointain. Et maintenant, bonne nuit, les petits ! �
Wood y Arel son
bile Meuret
Rodjairrre Mooooour[Julianne Moore] Julie-Anne Mooooourrrre [Mickey Rourke] ! On décida à l’unani, ,
Chloë Sevigny Cate Blanchett Zooey Deschanel pour tuer le monstre parce que les Français n’écor-
Jérémie rennes air