STEPHEN HAWKING HErb rITTS
Quand le plus glamour des photographes américains immortalise le cerveau le plus brillant de son temps. IngrId SISchy raconte l’histoire de cette séance photo demeurée confidentielle.
ui aurait pu prédire que le combo Stephen Hawking (né en 1942), ce physicien anglais qui a découvert les trous noirs, et Herb Ritts (1952-2002), légende de la photo de stars hollywoodiennes, se traduirait par un accord parfait ? La rencontre a eu lieu parce que Herb Ritts m’avait demandé de l’aider à éditer son ultime ouvrage, Notorious. Quand je lui ai proposé de photographier Stephen Hawking, Ritts m’a demandé, avec sa voix traînante caractéristique : « Qui c’est ? » Le plus drôle, c’est que Hawking a réagi exactement de la même manière. « Herb Ritts ? C’est qui ? » Ils ont tous les deux appris très vite. La séance photo a eu lieu le 3 février 1992, dans un couloir du California Institute of the Arts, où Hawking était chercheur invité. Lorsqu’il est arrivé, il était, bien entendu, sur sa célèbre chaise roulante – un cadeau de la terrible maladie de Lou Gehrig, une sclérose qui l’a progressivement paralysé. à l’aide de son système de synthèse vocale qui donne à ses mots une sorte d’accent de robot américain, Hawking a confié au photographe, avec un humour évident : « Je sais bien que je ne suis pas vraiment le genre de célébrités avec lesquelles vous avez l’habitude de travailler ! » Ritts a répliqué : « Ce genre de célébrités ne font pas toujours les meilleures photos. » Et ils se sont entendus comme larrons en foire. C’est cette même alchimie, mélange de charme et de langue de vipère, que l’on retrouve, grâce à l’interprétation spectaculaire d’Eddie Redmayne, dans Une merveilleuse histoire du temps de James Marsh (sortie le 21 janvier). Si, en l’occurrence, le film ne l’est pas (merveilleux...), il est évident que la performance d’Eddie Redmayne, elle, marquera sa carrière et son temps. �