Monter ce truc”. »
de dignitaires étrangers en France. La marche du 11 janvier lui offre une fin de mission en apothéose : il vient de recevoir sa nomination comme ambassadeur au Vatican. À présent, il étudie les parcours possibles avec la préfecture de police et la mairie de Paris. Les premières options envisagées, les Champs-Élysées et le Champ de Mars, sont vite abandonnées : la tradition les réserve à des événements plus festifs, comme une victoire en Coupe du monde ou les concerts du 14 juillet. Le cortège ira de la place de la République à celle de la Nation en empruntant le boulevard Voltaire. Autant de symboles plus conformes aux circonstances.
À 22 heures, des plateaux repas sont servis dans le salon vert qui sépare le bureau de François Hollande de celui de Jean-Pierre Jouyet. La garde rapprochée est réunie. À intervalles réguliers, le président s’éloigne pour prendre les appels. Entre l’Italien Matteo Renzi et le Canadien Stephen Harper, il parle notamment avec Benyamin Nétanyahou. Chaque mot est pesé. « Le peuple d’Israël est avec vous, commence le premier ministre israélien. – Je suis très triste de la mort de quatre personnes juives cet après-midi, répond Hollande. – Je vous félicite pour la neutralisation des terroristes. La menace terroriste est importante en Europe. Nous devons coopérer davantage. – Je vous remercie de votre solidarité. Il faut tout faire pour régler les crises au Moyen-Orient. »
Devant ses collaborateurs, Hollande fixe le cadre du défilé : « Ce doit être une marche pour les familles, pour les Français et pour le monde. » Toute la mise en scène devra en découler : les proches des victimes occuperont la tête du cortège ; les participants avanceront librement, sans présence policière trop visible ; les personnalités étrangères seront photographiées et filmées afin que leur présence devienne un symbole planétaire. « Dès ce moment, on pense à l’image pour l’histoire », confie Gaspard Gantzer. En fin de soirée, après une ultime conversation avec Jean-Claude Juncker, le chef de l’État s’éclipse. « Là, on s’est tous regardés et on s’est dit : “On a vingt- quatre heures pour monter ce truc” », se rappelle Claudine Ripert-Landler. Toute la nuit, les agents du protocole et les conseillers diplomatiques reçoivent les confirmations des grandes capitales. Un tableau Excel a été constitué, sur lequel les conseillers de l’Élysée, de Matignon et des affaires étrangères inscrivent au fur et à mesure les noms des pays et le nombre de leurs représentants. Les
« on s’est tous regardés
et on s’est dit : “on a vingt-quatre heures pour
Claudine Ripert-Landler (conseillère pour la stratégie et l’international de François Hollande)