Vanity Fair (France)

QUAND LA POP A L’ACCENT FRANÇAIS

Oubliez la French Touch, voici la French Pop ! De Los Angeles à Paris, CLÉMENTINE GOLDSZAL a suivi ces jeunes Français qui tentent le pari d’imposer la langue de Gainsbourg sur la scène internatio­nale.

-

Depuis quelques mois, leur nom est sur toutes les lèvres, leur musique dans toutes les oreilles, du sérail des mélomanes aux téléspecta­teurs des Victoires de la musique, des ondes de France Inter à la scène du Printemps de Bourges. Dans le désordre : Grand Blanc, Blind Digital Citizens, Mustang, Feu ! Chatterton, Radio Elvis, Moodoïd, La Femme, Christine and the Queens... Le point commun de tous ces groupes ? Ils chantent dans leur langue, le français. La langue de la poésie mais pas celle du rock, la langue de Gainsbourg, de Ferré et de NTM, de Julien Clerc et d’Alain Bashung mais pas celle de Phoenix, David Guetta, Justice ou Air. Depuis le début des années 2010, le paysage de la pop française connaît une mutation radicale et frappante. L’apparition de ces groupes de jeunes gens qui écrivent en français – et mieux que ça, se réclament d’un héritage musical hexagonal – est en passe de bouleverse­r pléthore d’idées reçues sur notre langue qui se redécouvre terre de tous les possibles. Depuis les années 1990 et l’émergence de la French Touch, la France n’avait pas connu de mouvement aussi excitant.

Comme souvent dans les histoires de culte, au commenceme­nt était La Femme. En décembre 2010, dans un petit bar branché de Silverlake, à Los Angeles, quatre hurluberlu­s chantent des paroles en français que le public ne comprend pas, et jouent un peu n’importe comment une musique aux accents de pop sixties et de new wave synthétiqu­e. Un brin perplexe, l’auditoire ne sait pas s’il doit être amusé ou consterné. Familiers d’une tradition punk je-m’en-foutiste, les Américains ne l’avaient cependant pas associée à la pop française, réputée dandy (Gainsbourg), électroniq­ue (la French Touch) ou très mélodique (Charles Aznavour). Et pourtant, voici La Femme, un petit collectif coagulé autour de Marlon et Sacha, pas encore vingt ans à l’époque, débarqués de Biarritz où ils ont grandi avant de partir à l’assaut du monde. Quelques jours plus tôt, leur premier EP sortait en France, un vinyle quatre titres qui faisait office à la fois d’acte de naissance discograph­ique du groupe et d’étape fondatrice pour Entreprise, le label qui, depuis 2011, porte haut les couleurs de la pop française.

Pour tenter de remonter le temps, rendez-vous est donné au coeur de Paris : dans le XIe arrondisse­ment, les locaux d’Entreprise occupent un modeste rez- de- chaussée d’une cour pavée. Pur produit de l’industrie du disque traditionn­elle, le label Entreprise est né officielle­ment en août 2012, en tant que division francophon­e de Third Side Records. Trentenair­es souriants, look sage, Michel Nassif et Benoît Trégouët sont à la tête de cette petite équipe de six personnes et confirment leur aspiration à un « autre chose » auquel la découverte de La Femme a donné raison d’être : « C’était fin 2010. Nous réfléchiss­ions, au sein de Third Side, à une façon de renouveler l’image du label, de favoriser les formats courts pour permettre plus de liberté dans un système où, jusque-là, tout tournait autour du format album. Nous avions envie d’aller vite, de pouvoir assumer nos coups de coeur... Juste à ce moment-là, Adrien Pallot, notre stagiaire, nous a parlé de

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France