Vanity Fair (France)

« NILE RODGERS APPORTE DE LA JOIE À MA MUSIQUE »

Bryan Ferry revient sur ses trente ans de collaborat­ion avec le guitariste et producteur de Bowie et Madonna. So Chic !

- RECUEILLIS PAR CLÉMENTINE GOLDSZAL PROPOS

J« ’ai rencontré Nile pour la première fois en 1982 ou en 1983, au Power Station, un studio new-yorkais. Bob Clearmount­ain, l’ingénieur du son qui mixait mon album Avalon, travaillai­t au même moment avec Nile et son groupe . Il nous a mis en

Chic contact. J’étais fan de Chic mais j’ignorais que Nile était fan de moi. Il me dit à chaque fois que nous nous voyons qu’il a créé Chic après avoir vu à

Roxy Music la télévision ! Quelques mois plus tard, il est venu jouer sur Boys and Girls, l’album où figurent Slave to Love et Don’t Stop the Dance. Il a joué sur la plupart de mes disques depuis lors. Nile est un génie, le meilleur guitariste rythmique qui soit mais aussi un formidable compositeu­r et producteur. Ce qu’il a fait avec Sister Sledge, Diana Ross... Quand il vient au studio, nous nous amusons beaucoup. Il a toujours des anecdotes, quelque chose de drôle à raconter, il se met à parler tout d’un coup de sa collection de timbres (il en a de très rares, apparemmen­t). C’est un homme mystérieux et extrêmemen­t talentueux, aussi extraverti que je suis timide. Je suis toujours très heureux de le croiser backstage à un festival ou à une soirée mais il travaille tout le temps – et moi aussi – et nous ne sommes pas vraiment devenus amis en dehors du studio. Et puis il a arrêté de boire. Moi j’ai cessé de fumer. Quand il m’arrive de lui proposer d’aller dîner après une session, il répond quelque chose du style : “Non, je vais rentrer écrire mon blog.” Il se passe parfois trois ans sans que nous nous voyions, mais notre relation est belle et pérenne. En plus, nous avons un tas d’amis en commun.

, qui joue sur mon disque et que je connais Johnny Marr aussi depuis trente ans, est lui aussi un grand fan de Nile, ce qui crée un lien supplément­aire entre nous. ,

Marcus Miller un musicien de jazz génial qui a travaillé avec Miles Davis quand il était très jeune et joue aussi sur mon album, est un ami d’adolescenc­e de Nile. Mais je ne les vois jamais ensemble. a chanté sur certains albums Fonzy Thornton de Chic et tourne en ce moment avec moi. Il a connu Nile au début des années 1970. Nous parlons souvent de lui. Depuis l’album de Daft Punk, Nile est revenu dans la lumière d’une manière totalement positive et c’est génial pour lui. Le disque est fantastiqu­e, une déflagrati­on mondiale, qui met vraiment en avant son son. Il a une rythmique tellement singulière et reconnaiss­able. C’est un artisan qui s’améliore constammen­t. Il a une approche très professora­le. Il adore analyser la structure des accords et les comprendre à fond pour pouvoir jouer au mieux de ses capacités. Moi, j’ai toujours été trop paresseux pour apprendre, ça ne m’intéresse pas vraiment, alors je prends ce qui vient et j’en tire le meilleur sans me poser de questions. J’écris mes chansons au piano sans même connaître le nom des accords. Cela dit, même si je suis connu pour ma voix, je passe 90 % de mon temps à créer des morceaux instrument­aux. C’est ce que je préfère et c’est pour ça que j’ai fait l’album The Jazz Age il y a deux ans. J’aimais l’idée de reprendre certaines de mes chansons et de les réorchestr­er dans le style des années 1920. Ne pas chanter m’a permis de me concentrer sur les sons des instrument­s. Et puis les paroles me viennent toujours difficilem­ent. C’est compliqué, il faut que les mots expriment ce que dit la musique car l’émotion vient d’abord de là. C’est ce qui est formidable avec Nile : il apporte beaucoup de joie à mes morceaux. Mes chansons sont parfois tristes et le contraste entre ma mélancolie et ses rythmiques entraînant­es fonctionne bien. Je l’appelle en général au milieu du processus d’enregistre­ment avant d’avoir enregistré les voix définitive­s, quand j’ai quelques autres parties de guitares. Il arrive et il dit : “Ah, tu as déjà tellement de trucs.” Mais il trouve toujours une voie. » —

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studio. Le dandy
anglais est fan
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le guitariste de
Chic (à droite).
Bryan Ferry en studio. Le dandy anglais est fan de Nile Rodgers, le guitariste de Chic (à droite).

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