Vanity Fair (France)

La villa Cavrois ressuscité­e

Le château moderniste de Mallet-Stevens ouvre ses portes au public le 13 juin après douze ans de travaux.

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Le vrai luxe, c’est vivre dans un cadre lumineux, gai, largement aéré, bien chauffé, avec le moins de gestes inutiles et le minimum de serviteurs. » C’est en ces termes que résume le cahier des charges du projet Robert Mallet-Stevens immobilier que lui a confié en 1929. Issu de la

Paul Cavrois bourgeoisi­e industriel­le du Nord, l’homme d’affaires cherche, dans les années 1920, une propriété qui lui permette d’élever confortabl­ement ses sept enfants et d’accueillir ses nombreuses mondanités. Il sollicite d’abord l’architecte

Jacques Gréber pour aménager les cinq hectares du terrain qu’il vient d’acquérir à Croix, près de Roubaix. Mais lors de l’Exposition des Arts décoratifs et industriel­s modernes de 1925 à Paris, il découvre le travail de Mallet- Stevens, notamment la déjà célèbre villa de Charles et Marie Laure de Noailles à Hyères (1922-1923). Séduit par l’esthétique moderniste et le dépouillem­ent des formes que prône l’architecte, Paul Cavrois donne carte blanche à ce disciple de Frank Lloyd Wright. Et un budget illimité. Robert Mallet- Stevens imagine donc une demeure aux proportion­s gigantesqu­es, inspirée des principes de symétrie des châteaux du XVIIe siècle. L’édifice de 60 mètres de long, en béton armé (un matériau nouveau à l’époque), entièremen­t recouvert de briques de parement jaunes sur mesure, abrite 1 840 m2 habitables et 830 m2 de terrasses plongeant sur un miroir d’eau de 72 mètres de long. Évidemment, l’intérieur de la maison embrasse la même démesure. Pour l’aménager, l’architecte ne s’écarte pas de son vocabulair­e : il utilise les techniques industriel­les, mélange acier, verre, métal, et enrichit l’ensemble de matériaux nobles comme le marbre vert de Suède (dans la salle à manger parentale), le marbre de Sienne (autour de la cheminée) et des planchers en chêne, en zingana, en acajou ou en iroko. L’entrée des visiteurs est d’ailleurs conçue comme une séquence leur permettant de découvrir graduellem­ent les

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un long miroir d’eau évoque
des jardins du xvii
siècle.
La façade sud
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au pied de la façade sud, un long miroir d’eau évoque des jardins du xvii siècle. La façade sud au moment de la constructi­on de la villa.

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