Vanity Fair (France)

La MéLodie dU BoNHeUR

Cinquante ans après sa sortie, la comédie musicale de Robert Wise a quand même pris quelques rides, estime la soprano NATALIE DESSAY.

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Réalisé par Robert Wise d’après la comédie musicale homonyme de Richard Rodgers et Oscar Hammerstei­n II, La Mélodie du bonheur n’est pas, loin de là, ma comédie musicale préférée : je trouve le fil conducteur cucul et l’histoire à l’eau de rose. Je sais, vous allez vous demander comment j’ose critiquer un film qui a fait près de 150 millions d’entrées aux États-Unis et qui serait la production hollywoodi­enne la plus vue de tous les temps. Sans même parler du fait que ce film contient de nombreuses chansons très aimées comme Do-Re-Mi. Je ne suis pourtant pas la seule à avoir des réserves sur La Mélodie du bonheur. Robert Wise lui-même a d’abord refusé de réaliser le film tant il trouvait l’histoire sentimenta­le et niaise, d’autant qu’il venait de tourner West Side Story, autrement plus moderne. On fit ensuite appel à Stanley Donen et à Gene Kelly qui refusèrent également et ce n’est qu’après une tentative ratée de William Wyler que Robert Wise a finalement accepté de revenir sur sa décision. Il n’a pas dû le regretter puisque le film a raflé une moisson d’oscars dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateu­r. Si je n’aime pas beaucoup ce film, c’est sans doute car je l’ai vu bien après sa sortie et que ma culture en matière de comédies musicales était déjà faite : je trouvais qu’en comparaiso­n de Brigadoon, de Tous en scène ou encore de Chantons sous la pluie, La Mélodie du bonheur ne tenait pas la route. Par contre, j’ai aimé la production signée par le metteur en scène Emilio Sagi pour le théâtre du Châtelet car elle était plus réaliste sur la question de la montée du nazisme et s’éloignait vraiment du film. Je préfère toujours, même à l’opéra, que l’on prenne des risques, que l’on propose une vraie lecture, que l’on soit créatif. Je dois néanmoins saluer la performanc­e de Julie Andrews qui, contrairem­ent à son partenaire masculin Christophe­r Plummer, n’est pas doublée : c’est vraiment une bonne chanteuse, tant du point de vue technique que stylistiqu­e. Déjà dans Mary Poppins que j’avais vu enfant, je l’avais adorée. Quel rôle inattendu et quel film original par sa façon de mêler vrais comédiens et animation ! Il reste que dans La Mélodie du bonheur, Julie Andrews interprète My Favorite Things, une chanson que j’adore et qui a été reprise par des dizaines de musiciens et chanteurs dont la géniale vocaliste coréenne Youn Sun Nah. Rien que pour cette chanson, La Mélodie du bonheur méritait d’être créée. �

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