Le monde selon BARTHES
L’auteur des Mythologies aurait eu 100 ans cette année. Voyages, idées, rencontres décisives et amis de toujours : fragments d’un parcours sinueux.
Intellectuelle américaine francophile et francophone, auteur d’essais remarquables tel La Maladie comme métaphore, Susan Sontag vouait une admiration sans bornes à Roland Barthes qu’elle a contribué à faire connaître aux États-Unis. Avec lui, elle partageait une même souplesse de pensée, le goût de l’éclectisme, un intérêt marqué pour la photographie (Barthes consacre à cet art La Chambre claire ; Sontag écrit Sur la photographie). Bisexuelle – elle fut la compagne d’Annie Leibovitz –, elle admirait aussi la façon dont Roland Barthes vivait ouvertement son homosexualité. C’est son ami Richard Howard, poète et traducteur de Barthes, qui fait découvrir à Susan Sontag le critique français au milieu des années 1960. En 1968, elle préface l’édition américaine du Degré zéro de l’écriture. Barthes est la seule personnalité intellectuelle dont elle signale la disparition dans son Journal. À la date du 26 mars 1980, elle note : « Barthes est mort » et lui consacre une nouvelle entrée en forme d’hommage quelques jours plus tard : « À défaut d’une autre étiquette, les gens le qualifiaient de critique ; j’ai dit moi-même qu’il était “le plus grand critique qu’on eût jamais connu”... Mais il mérite le nom plus glorieux d’écrivain. » En 1982, elle publie une anthologie des oeuvres de Barthes, The Roland Barthes Reader et lui consacre deux essais : Remembering Barthes et L’Écriture même.