MICHEL FOUCAULT
Leurs deux noms sont indissociables tant ils reflètent une époque, le renouvellement et le rayonnement de la pensée française, la fameuse French Theory. Les deux hommes se rencontrent en 1955. Foucault, alors lecteur à l’université d’Uppsala en Suède, invite Barthes, de dix ans son aîné, à donner une conférence. On ne sait pas si le philosophe aux éternels cols roulés et au tempérament plutôt fêtard a emmené son hôte dans des virées au volant de sa Jaguar beige. En tout cas, ce séjour marque le début de leur amitié. Leur homosexualité rapproche Barthes et Foucault, mais leurs affinités sont aussi intellectuelles. Tous deux rejettent la doxa, les conservatismes dans laquelle la France est figée. Barthes et Foucault se voient énormément au début des années 1960. Ils draguent ensemble dans les bars gays, le Speakeasy ou le Fiacre, fréquentent des boîtes à Montmartre ou des cabarets, vont voir des matches de catch et voyagent au Maroc. Après leur séjour à Marrakech, à l’hôtel Mamounia, en 1963, leur relation se distend. Mais ils renouent quand Roland Barthes entre au Collège de France, en 1976, grandement aidé par Michel Foucault qui y enseigne déjà. Chacun éprouve pour l’autre une vive admiration. Barthes exprime la sienne dans sa leçon inaugurale au Collège de France où il évoque « Michel Foucault, à qui me lient l’affection, la solidarité intellectuelle et la gratitude ». Foucault, de son côté, prononcera l’éloge funèbre de Barthes, en 1980, au Collège de France.