Vanity Fair (France)

Le couturier italien règne sans partage sur son empire depuis quarante ans. Une solitude qui vaut des milliards.

- Virginie Mouzat

Ses salariés (près de 7 000) lui donnent du « M. Armani ». Les journalist­es et les stars l’appellent « Giorgio » . Une familiarit­é trompeuse. Après le décès de son partenaire Sergio Galeotti, mort du sida en 1985, le designer s’est imposé une obligation de réussite qui a contredit tous ceux qui croyaient le connaître. Passer la main ? Jamais. Même s’il incarnait une espèce de figure paternelle pour Sergio Galeotti, son cadet de onze ans, c’est ce dernier qui l’a poussé à fonder sa marque en 1975. Le duo y investit 10 000 dollars. Le succès est presque immédiat. Après 1985, Armani fera tout tout seul. Tellement seul qu’il devient parfois son pire ennemi : il n’écoute personne. À une autre époque, cet homme sentimenta­l, solitaire et ambitieux aurait pu faire un personnage formidable pour Flaubert ou Zola. Il est l’unique actionnair­e d’un empire qui compte quelque 2 500 boutiques réparties dans 60 pays et de nombreux fidèles. Mais pas un disciple ni un dauphin. Ce control freak né le 11 juillet 1934 dans un milieu modeste s’impose une discipline d’acier (cherchez la mère...). De son propre aveu, c’est le souvenir de Galeotti qui le pousse à développer son empire à marche forcée. Après que Richard Gere, dans un de ses costumes déstructur­és, a cramé la pellicule dans American Gigolo, le couturier s’est mis à habiller le Tout-Hollywood. Mais qu’on n’aille pas croire qu’il ait cherché à faire de Jodie Foster, Lauren Hutton ou les autres, ses meilleurs amis. Même filmé par Martin Scorsese dans le documentai­re Made in Milan qui lui est consacré (1990), Giorgio Armani est un monarque à sang froid. Sa griffe n’est pas à vendre. Quarante ans – des parfums, de la haute couture, des T- shirts, des sous-vêtements, des hôtels... – plus tard, toujours aussi digne et efficace, M. Armani ne compte pas s’arrêter. D’ailleurs, personne ne songe à l’envisager. —

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