Vanity Fair (France)

D’initiés

Ils ont été ou banquiers d’affaires, gagné des fortunes et connu l’adrénaline des salles de marché. Aujourd’hui, ils utilisent leurs connaissan­ces du système pour combattre les excès de la finance. SOPHIE DES DÉSERTS a confessé ces activistes en costume-

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l’ancien jeune giscardien, diplômé de Sciences Po et frère du patron (libéral) du Nouvel Économiste, un cartésien capable de consacrer trente- cinq ans à la finance (au CCF à New York et au Crédit du Nord, avant de conseiller de riches familles sur la gestion de leur patrimoine)... bref, comment ce garçon bien sous tous rapports a pu quitter une vie rangée à Saint-Germain- desPrés pour prendre la tête d’une étrange associatio­n d’activistes dans une sombre artère de Bruxelles.

Un immeuble vieillot de la capitale belge. Pas de plaque à l’entrée, pas de digicode. C’est ici que siège Finance Watch, à deux pas de la Commission et du Parlement européens, le coeur du réacteur où se prennent toutes les décisions en matière de réglementa­tion financière. Au premier étage, sur le palier, des vélos et des trottinett­es ; une porte s’ouvre sur un vaste appartemen­t sans lumière, dans lequel s’active le petit commando dirigé par Christophe Nijdam, avec le titre de secrétaire général. Des visages juvéniles conversent joyeusemen­t dans toutes les langues. Ne pas se fier à l’ambiance décontract­ée. Tous sont des experts, ex-banquiers pour la plupart, concentrés sur une mission délicate : « remettre la finance au service de la société ». La route est longue mais déjà, en trois ans d’existence, avec une douzaine de salariés et un budget annuel de deux petits millions d’euros, Finance Watch s’est hissé parmi les interlocut­eurs qui pèsent. Nijdam et ses acolytes s’invitent dans les débats à Londres, Berlin ou Paris, s’imposent devant les assemblées politiques, les organisati­ons internatio­nales et les cercles de réflexion. Ils dialoguent avec le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz ou l’ex-président de la Réserve fédérale américaine Paul Volker, répliquent aux banquiers les plus influents comme Michel Pébereau (BNP Paribas) et Frédéric Oudéa (Société générale). Début février à Bruxelles, l’ONG a réuni l’élite du secteur autour de Jonathan Hill, nouveau commissair­e européen chargé de la stabilité financière. L’objectif est immuable : disséquer le discours des banques, éclairer les citoyens et les politiques et porter des propositio­ns de régulation.

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