L’ALLURE DE...
… Andre Leon Talley, Tina Chow et Manolo Blahnik, 5 mai 1978.
C’ est sûrement par souci d’apaisement que est Paloma Picasso arrivée à la mairie vêtue d’un tailleur en grain de poudre noir et blanc Yves Saint Laurent, s’affichant ensuite dans une robe de satin
Karl Lagerfeld rouge (inspirée, au choix, par un vase grec ou deux coeurs enlacés) au dîner donné chez lui par le couturier allemand. Et quand
Loulou de la Falaise s’exclame, le soir même, « Si seulement ça pouvait durer ! », on peut se demander s’il s’agit du mariage de
et de Picasso Paloma Rafael Lopez-Sanchez ou de la trêve, pour quelques heures en tout cas, signée entre les clans Lagerfeld et Saint Laurent.
Printemps 1978. Paloma Picasso, 29 ans, n’est pas encore créatrice de bijoux pour la maison Tiffany & Co. à New York. Après des années de bataille juridique, elle a enfin reçu sa part de la fortune paternelle : 20 millions de dollars et deux cents oeuvres d’art. Son mariage avec l’auteur dramatique Rafael Lopez-Sanchez est l’événement mondain de la saison, l’occasion d’une grande réunion du monde de la mode et de la jet- set.
De son côté, après des années passées avec
Andy à la rédaction du Warhol magazine Interview à New York, le jeune
Andre Leon vient d’être nommé Talley correspondant du Women’s Wear Daily et a emménagé à Paris. Ses premières semaines seront plus occupées par ses essayages avec
, qui a sucMarc Bohan cédé à Yves Saint Laurent chez Dior (smoking pour le dîner, veste et pantalon en cachemire et tweed pour la cérémonie civile) que passées dans les bureaux de son nouvel employeur, rue Cambon. Le journaliste n’était pas le seul à s’activer de la sorte. Les cuissardes de Karl Lagerfeld, le tailleur proustien emprunté au costumier de Luchino Visconti par l’excentrique , la robe de taffetas
Anna Piaggi mauve de , créée six mois
Joan Juliet Buck plus tôt pour son mariage par Karl Lagerfeld, la tunique de ,
Willy Van Rooy la cascade d’orchidées couleur ambre arborée par ... les
Jacques de Bascher folles tenues des invités ont durablement marqué les esprits. Ce n’est qu’après le discours de l’ancien danseur
Serge Lifar (revenu en grâce après des années d’exil social pour cause d’amitiés douteuses pendant l’Occupation) qu’ils quittent cette scène digne d’un tableau d’Adolph von Menzel, direction Le Palace. L’Américaine peut enfin retirer la
Tina Chow veste brodée de perles bleu cobalt de son ensemble vintage Schiaparelli pour entraîner dans une
Manolo Blahnik danse apache qui s’achèvera à 8 heures du matin. —