Vanity Fair (France)

Les Divines de Cannes

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Cannes, un mois après. Chacun a son propre palmarès, parfois dans les compétitio­ns parallèles, comme Tour de France avec Gérard Depardieu bouleversa­nt et émouvant. « Avec Tonton, tu n’as plus peur de rien », dit le jeune réalisateu­r et ex-boxeur Rachid Djaïdani dont le leitmotiv « ensemble on se ressemble » a marqué les esprits cannois. Gérard a fui les mondanités, les marches ; il ne veut pas et ne peut plus les monter. L’amour du public ne le rend pas serein, au contraire. Un mal profond. Il cherche encore pourquoi et parle de sa naissance que sa mère ne souhaitait pas, c’est dire... On a passé des heures ensemble, puis parlé au téléphone le lendemain. Il était à Tigné, en Anjou, dans ses vignes plus heureux que sur la Croisette où il a tout connu : la Palme d’or (Sous le soleil de Satan de Maurice Pialat), le Prix d’interpréta­tion pour Cyrano... puis j’ai transmis son message enregistré à Robert De Niro avec qui il partage le podium au côté de Marlon Brando. Ils sont les trois meilleurs, selon Gérard et son sourire taquin.

Le film phénomène se nomme Divines, Caméra d’or, c’est-à- dire meilleur premier film comme le fut La Haine en 1995, révélant le talent de Mathieu Kassovitz et d’une bande d’inconnus autour de Vincent Cassel. Divines, c’est aussi la banlieue, celle de Dounia qui a soif de pouvoir et de réussite. Houda Benyamina a présenté une première oeuvre magistrale. Dans la banlieue, ce qui est explosif, c’est le talent. J’ai passé un moment avec cette équipe à Cannes, comme il y a 21 ans avec celle de Kassovitz qui avait « campé » au Patio de Canal + aujourd’hui disparu (le patio !). Côté officiel, Xavier Dolan, 27 ans, déjà six films et deux Grands prix du

MICHEL DENISOT

jury. J’étais avec lui au bord du couloir de nage tout en haut de l’hôtel Five Seas, le vrai chic, en retrait de la Croisette, juste après la première projection presse de Juste la fin du monde. Accueil mitigé. L’oeil rivé sur son Smartphone (chez lui tout est smart), il voyait défiler les réactions négatives dans toutes les langues sans voir les compliment­s. Lui qui a tant d’aplomb était au bord du KO. Plus touchant encore que quatre jours plus tard quand – en larmes – il a reçu son prix en direct. « J’ai aimé votre film », lui dis-je. Il a levé les yeux pour voir si je disais vrai – je disais vrai. « Tout ce qu’on fait dans la vie, on le fait pour être aimé, moi en tout cas, oui. »

Dolan met son coeur sur l’écran, les filles de Divines mettent leur clito sur la table (je les cite). Et si ça voulait dire la même chose ? Les punchlines de Divines vont déferler sur la toile, naturellem­ent. Elles cognent pour émouvoir. Les membres du jury de l’édition 69 ont fait leur première sortie à notre dîner Vanity Fair Chez Tétou (Palme d’or de la bouillabai­sse). Kirsten Dunst et Mads Mikkelsen en tête autour de la rock movie star Kristen Stewart que j’avais rencontrée longuement la veille avec Woody Allen (Café Society).

Dans ce numéro, vous verrez nos invités : Naomi Watts, Susan Sarandon, Jessica Chastain, Blake Lively, Paz Vega, Soko, Gaspard Ulliel. Le président de Condé Nast France, Xavier Romatet, était aux anges et sacrément bien entouré. Ma voisine de table, Jane D. Hartley, ambassadri­ce des États-Unis et proche d’Obama, ne cachait pas son inquiétude à propos de Donald Trump, Eva Longoria non plus.

C’était déjà – sans le dire – le troisième anniversai­re de Vanity Fair. George Clooney et... Amal, également présents à Cannes, sont en couverture, leur histoire est révélée ici et ce n’est pas du cinéma. C’est sans filtre et fort de café. �

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