Dominique strauss-Kahn
peu comme un fils, l’embarquent dans leur monde, place des Vosges ou à Marrakech. Là, à l’heure de la sieste, ils lui suggèrent parfois quelques classiques à lire. Le Sarcellois serre les dents. Il a déjà poli son langage et s’est mis au golf. « Sois présentable et parle bien surtout, sinon les gens n’iront pas vers toi », lui a toujours répété son père.
Kheloufi Khiroun est mort le 1er janvier 2004, sans avoir jamais emmené son fils en Algérie. DSK assiste à l’enterrement. Elkabbach aide Ramzi à surmonter l’absence. Au Flore, à L’Avenue, durant leurs discussions, il lui raconte les couleurs d’Oran, le décès brutal de son père à lui quand il avait 7 ans. Le journaliste ne se pose pas en aîné, sa lutte obsessionnelle contre le temps l’a toujours conduit à s’entourer de jeunes talents – des stagiaires d’Europe 1, Jean-Luc Delarue, François Baroin à celles de Public Sénat, comme Rama Yade ou Léa Salamé – qu’il a poussés jusqu’à ce que les poulains prenent trop de lumière. Ramzi est le meilleur copain de jouvence, sans risque de concurrence. « Ensemble, ils sont d’une complicité et d’une fraîcheur inouïe », s’enthousiasme le grand rabbin de France, Haïm Korsia, qui les retrouve souvent pour des discussions philosophiques. Les deux complices se voient de plus en plus, notamment au moment de la préparation des débats de la primaire socialiste organisés sur Public Sénat (alors dirigée par JPE). Khiroun est bluffé par ce vieux lion qui a interviewé de Gaulle, Mandela, Bush, Gorbatchev... et qui continue de se battre pour avoir le meilleur invité au micro chaque matin.
En un demi- siècle, le journaliste a conquis tous les présidents, même Mitterrand qui, le jugeant trop proche de Giscard, avait laissé ses amis socialistes l’écarter de l’antenne en 1981, même Chirac qui le détestait au départ. Et Sarkozy, lui, cueilli au berceau : Elkabbach a été le premier à lui tendre un micro à la mairie de Neuilly. « La proximité de Jean-Pierre avec le gouvernement en place est comme une seconde peau, s’amuse Alain Duhamel, son rival de RTL et complice depuis quarante ans. Il n’est pas seulement journaliste, il aime être au coeur du pouvoir. » C’est ainsi que JPE est devenu un monument rue de Presbourg. Jean-Luc Lagardère l’a toujours protégé et soutenu. À sa mort, les rôles se sont inversés, Elkabbach a naturellement pris soin du fils. « Oublie ta douleur, lui a- t-il soufflé. N’écoute pas ceux qui disent que tu n’es