Mondialement célébré pour sa capacité à croquer l’Amérique contemporaine, Tom Wolfe fait aussi partie de cette génération de journalistes qui a révolutionné le reportage. Après s’être immergé dans ses archives, MICHAEL LEWIS a rencontré l’auteur du Bûcher
Mau-Mauing the Flak Catchers (Le Gauchisme de Park Avenue). Le seul mot que je comprenais dans le titre était « the ». L’illustration de couverture montrait une ménagère blonde, l’air blasé, blottie sur les genoux d’un Noir viril. À première vue, c’était tout à fait ce qu’il me fallait pour répondre à certaines questions que je me posais sur la vie. Sauf que ça ne l’était pas. C’était en fait la description d’un cocktail donné à la fin des années 1960 pour les Black Panthers par Leonard Bernstein, le chef du New York Philarmonic, dans son mirifique appartement newyorkais. Je n’avais jamais été à New York, jamais entendu parler de ce monsieur et n’avais qu’une notion vague de ce que pouvait être un révolutionnaire Black Panther – mais tout cela s’avéra sans importance. Au début du livre, un vieil excentrique – Leonard Bernstein, donc – se levant de son lit au milieu de la nuit, imaginait qu’il donnait une conférence dans une salle de concerts bourrée à craquer et qu’un géant noir le conspuait à côté de lui sur la scène. Je me rappelle avoir pensé : comment peut- on connaître les visions bizarres de quelqu’un d’autre ? J’ai eu l’impression d’être physiquement présent dans