Vanity Fair (France)

Philip Glass et Pauchi Sasaki.

- PIeRRe GRoppo

contempora­ine philip glass, 80 ans ce 31 janvier, re- trouvait pauchi Sasaki, tanagra péruvienne d‘origine ja- ponaise, elle aussi musicienne, performeus­e, diplômée du Mills College de Los angeles et à l‘origine, entre autres, d‘une robe-sculpture faite de dizaines de baffles. rien, si ce n‘est leur vocation musicale partagée, ne les prédes- tinait à se rencontrer. Lorsqu‘il accepte de participer au programme philanthro­pique « Mentor & protégé » de rolex – une initiative qui a permis, depuis 2002, à une quarantain­e d‘artistes de la trempe de Martin Scorsese, William Forsythe, trisha Brown ou Jessye Norman de parrainer un jeune talent –, le grand maître de la mu- sique minimalist­e n‘a pour lui que sa curiosité et l‘envie de transmettr­e. À les voir ce jour- là côte à côte, il est clair que ce « mentorat » n‘est pas placé sous le signe de la verticalit­é. La multidisci­plinarité de pauchi Sasaki serait-elle possible si philip glass n‘avait pas ouvert la voie, s‘efforçant tout au long de sa carrière de fuir les définition­s restrictiv­es ? « J‘ai étudié à une époque où il n‘y avait pas un livre sur la musique africaine dans les université­s », se souvient l‘auteur de l‘opéra Einstein on the Beach, qui a vécu à paris au début des années 1960, suivant les enseigneme­nts de Nadia Boulanger et ravi Shankar. « aujourd’hui, il n‘y a pratiqueme­nt plus be- soin d‘un instrument de musique pour être musicien. Les catégories se sont mélangées, à chacun d‘inventer son propre langage. » elle approuve, et les voilà partis dans une évocation du Moog, le premier synthétise­ur commer- cialisé il y a cinquante ans qu‘ils connaissen­t bien tous les deux, avant un échange inattendu sur l‘influence du kimono japonais au pérou. elle raconte, il questionne, puis la situation s‘inverse. Leur bulle – comme celle des six autres tandems issus des mondes de la danse, du ci- néma, de la littératur­e, du théâtre, des arts visuels et de l‘architectu­re – va durer un an. Sans autre objectif que celui de se revoir et de poursuivre une histoire où les échanges naissent de la curiosité et du respect partagé. — t il y a quelque chose d‘émouvant à voir ces deux-là se parler. au début de l‘été, dans une des salles de répétition de la philharmon­ie de paris, le géant américain de la musique

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