Vanity Fair (France)

Marina abramovic´

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pour lui dire de s’asseoir en face d’elle : « Ce n’était absolument pas prémédité. Il a hésité quelques minutes, puis m’a suivi. Nous sommes exceptionn­ellement passés devant les spectateur­s qui attendaien­t leur tour, puis Ulay s’est assis. » Toutes les personnes qui ont assisté à la scène en sont restées bouleversé­es. Quand Marina rouvre les yeux, elle découvre le visage d’Ulay qui l’observe gravement, puis elle lui sourit. On sent de la tristesse dans son regard bleu azur, presque de la compassion. Aucun des deux ne retient ses larmes. C’est elle qui brisera une de ses règles en lui d’interview, au lendemain de sa victoire au procès, préférant ne pas confronter sa vérité à celle de « MA » comme il l’appelle depuis déjà plusieurs années. Pour Florence Parot, il est clair que, quand Ulay s’assoit face à elle, c’est pour lui dire : « Oh, oh, tu ne m’aurais pas un petit peu oublié dans cette performanc­e ? Je suis là, j’existe. Moi aussi, je suis un “artiste présent” ! »

« Il faut savoir reconnaîtr­e ses échecs » fait partie des mantras de Marina Abramović. Dans son livre, elle avoue justement que « l’un de ses plus grands échecs est de ne pas avoir réussi à travailler avec Ulay. » Ils ont pourtant cherché à ne faire qu’un. Leur duo se voulait « une énergie non contaminée par l’ego, le mélange du masculin et du féminin, le sommet de l’art ». Quand la Serbe rencontre l’Allemand à Amsterdam au milieu des années 1970, elle croit avoir trouvé son double masculin. Ulay est né le même jour qu’elle, le 30 novembre 1943. Ils se comprennen­t sans se parler et partagent la même obsession pour leur corps et sa mise en danger.

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