MIMI MARCHAND
Le garde du corps gagne son procès. L’affaire secoue Prisma si fort qu’Axel Ganz convoque Michèle Marchand. Il se rappelle la scène, sourire encore ahuri : « J’ai fait venir cette Mimi, ayant toutes les preuves que son interview n’avait pas existé. Je lui dis : “Dans la vie, madame, tout le monde fait des erreurs. On peut régler les choses de manière à limiter les dégâts. Encore faut-il les reconnaître. Prenez trois minutes pour réfléchir” ». Une gorgée de thé, Ganz reprend : « J’attendais un grand mea- culpa. Elle a maintenu sa version sans ciller. Alors je lui ai demandé de prendre la porte. »
Cet été 1998, Michèle Marchand quitte donc la rédaction de Voici pour s’installer dans l’immeuble voisin, rue Daru dans le VIIIe arrondissement de Paris. De son bel appartement haussmannien, au- dessus des champagnes Nicolas Feuillatte, elle continue comme avant. En pyjama parfois, sous le regard vigilant de son compagnon des RG, Mimi remplit Voici, reçoit les paparazzis, anime les conférences de rédaction. Ses piges, désormais rémunérées sur une société judicieusement nommée Shadow & Co (Ombre et compagnie, en anglais), atteignent des sommets, – jusqu’à 100 000 francs certains mois. Une partie sert à rémunérer les informateurs. Chez Prisma, tout le monde est au courant, sauf Axel Ganz qui, un jour de 2001, reçoit une convocation chez le juge. Encore cette maudite Mimi... « Mais on collabore encore avec elle ? » s’étonne le dirigeant. Et le rédacteur en chef de l’époque, Jacques Colin, d’acquiescer piteusement : « Impossible de faire le journal sans Mimi. » Cette fois, l’affaire est vraiment grave : Ganz est mis en examen. Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy, a été saisie le 1er septembre 1999 : un employé de La Poste s’était étonné d’importants mouvements d’argent, souvent retirés en liquide, sur le compte de la société Shadow & Co. Au vu du casier judiciaire de Michèle Marchand, les enquêteurs de la brigade financière soupçonnent une opération de blanchiment. Ils découvrent au fil des mois un montage savant : des doubles facturations pour une même information, aux agences photo et aux journaux, des versements, souvent sous des faux noms, à des informateurs issus de l’entourage des stars (chauffeurs, maquilleurs, attachés de presse...) ou à des célébrités pour des sujets posés. De nombreuses amies de Mimi sont mises sur le gril, des noms paillettes des années 1990-2000 comme Karen Mulder, le top model et son compagnon d’alors, Jean-Yves Le Fur, Ophélie Winter, la chanteuse, et l’animatrice Véronika Loubry. Alexia Laroche-Joubert, papesse de la téléréalité, avoue solliciter la patronne de « Shadow » pour enquêter sur les candidats de « L’Île de la tentation ». Toute l’équipe de Voici subit des interrogatoires. À la surprise générale, Michèle Marchand est placée en détention provisoire le 5 mars 2003.
Ce midi, un pot-au-feu fume dans le bureau. Rare moment d’accalmie, Mimi accepte, en attaquant le paleron, de revenir