Steven Soderbergh : « J’essaie d’être comme Fassbinder, mais sans la coke et les putains. »
À peine revenu de sa retraite anticipée, Steven Soderbergh a déjà retrouvé son prodigieux rythme de croisière. Interview à l’occasion de la sortie de Logan Lucky.
En 2013, Steven Soderbergh, prodige du cinéma indépendant (il remporte la palme d’or dès son premier long-métrage, Sexe, mensonges et vidéos, en 1989) et golden-boy hollywoodien des années 2000 (la trilogie des Ocean, mais aussi Traffic ou Erin Brokovich) annonçait sa retraite. Annuités acquises ? Inspiration tarie ? Surmenage ? Rien de tout cela. Le réalisateur, forcé de se tourner vers la télé pour mener à bien son projet de film sur Liberace, se dira simplement las des lourdeurs de l’industrie. Pendant cette pause de quatre ans, Soderbergh n’a pas chômé. Il a mis en scène les vingt épisodes des deux saisons de la série médicale The Knick et, si on se fie au nombre vertigineux de projets auxquels il est aujourd’hui associé, a activement préparé son retour. Coup d’envoi en octobre avec Logan Lucky, sorte d’Ocean’s Eleven chez les ploucs. Casting opulent, décontraction bienveillante et autocitations : le film est un étalage subtil de la force de frappe inchangée du cinéaste de 54 ans. Pourquoi, après les Ocean, faire un nouveau film de casse ? Mon père était prof de fac et j’ai grandi dans des villes universitaires très tranquilles, sans le moindre contact avec quelqu’un qui aurait participé à une entreprise criminelle. Je crois que j’aime l’idée de camaraderie et d’artisanat parfois associés à ce genre d’aventure. Je me plais à imaginer qu’un film et un braquage ont beaucoup de choses en commun. Dans les deux cas, ça part d’une idée, on forme une équipe, il y a un plan à suivre et, si ça se passe mal, on finit en prison. Le cinéma n’a rien d’un pénitencier, bien sûr, mais à Hollywood on peut se retrouver très isolé si un film ne marche pas. À l’époque d’Ocean’s Eleven, on a pu lire que le plus beau braquage du film était son casting. Vous souscrivez à cette idée ? Oui. Le casting de la trilogie est un testament à la gloire de mon producteur, Jerry Weintraub. Je ne suis pas sûr qu’un tel tour de force puisse être reproduit. Le contraire serait un choc pour moi. Il ne s’agit pas seulement du nombre de stars à l’écran – George Clooney, Brad Pitt, Julia Roberts, Matt Damon,
« J’ai du mal à croire qu’on parviendra à reproduire le coup d’Ocean’s Eleven. »