30 MILLIONS d’amies (au cm2)
Elles colonisent notre peau et forment une première barrière protectrice. Autrefois mal-aimées, les bactéries sont les nouveaux chouchous de l’industrie cosmétique qui les nourrit de prébiotiques.
Sur l’épiderme vit un écosystème complexe que la science est en train de découvrir : le microbiome cutané. Véritables gardes-frontières de notre peau, ces milliards de bactéries « amies » sont depuis peu explorées par l’industrie cosmétique. Comme une empreinte digitale, chaque individu possède son propre écosystème bactérien, reflet de son patrimoine génétique, de ses habitudes alimentaires, de son exposition au stress, de son âge et même des personnes ou animaux qui l’entourent. Pionnière sur ce segment, la Française Marie Drago, fondatrice de Gallinée, a longuement étudié ce monde jusque- là inconnu : « À force de saturer notre épiderme de parfum, de silicone et de polymères synthétiques, nous avons dégommé notre microbiome. Il est urgent désormais d’en prendre soin. » Ainsi, après avoir développé des crèmes et sérums à base de probiotiques (bactéries et levures extérieures apportées à la peau), censés renforcer notre barrière vivante, les laboratoires s’intéressent désormais aux prébiotiques, micro- organismes extraits des fibres de fruits et légumes, et gueuleton favori de cette faune invisible. « Nous avons découvert qu’il était possible d’influer sur le microbiome cutané à l’aide de produits cosmétiques formulés à base de prébiotiques, explique- t- on chez La Roche-Posay. Il a aussi été démontré que les bactéries interagissent et communiquent entre elles, et que ce nouvel ingrédient présent depuis toujours dans l’eau thermale soutient leur développement. » Mélia Roger, la directrice marketing de Patyka, une marque utilisant aussi des prébiotiques, confirme. « Appliquer certaines molécules non biocompatibles est comme jeter un sac plastique dans la nature : il ne se dégrade pas, tout comme les actifs toxiques qui s’accumulent sur la peau et finissent par l’étouffer. » C’est là que les prébiotiques entrent en jeu en s’adaptant à notre microbiome : du sur-mesure cutané. En effet, les bactéries présentes à la surface de la peau tirent de ces prébiotiques exactement ce dont elles ont besoin pour se nourrir, se développer et rétablir leur propre équilibre. Comprendre et soigner le microbiome permet donc de protéger sa peau des agressions extérieures, de calmer les inflammations, de réguler le PH et de stimuler son système immunitaire. Rien que ça. Dans l’industrie de la beauté, ce qu’on a longtemps considéré comme sale pourrait bien être le nouveau Graal. �