Vanity Fair (France)

À VOIX HAUTE

Après une année marquée par l’affaire Weinstein, Hollywood est à l’aube de changement­s radicaux. Vanity Fair a réuni les meilleurs acteurs et actrices de 2017 qui vont transforme­r la cérémonie des Oscars en plaidoyer néoféminis­te.

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L’année 2017 restera comme aussi troublante qu’étrange. Élection de Trump, révélation­s accablante­s sur Harvey Weinstein et autres prédateurs sexuels... difficile pour Hollywood, comme pour le reste du monde, d’échapper au déluge de nouvelles choquantes. Au milieu de ce vacarme, des voix fortes se sont élevées. Et parmi elles, heureuseme­nt, beaucoup de femmes. En mai, Wonder Woman, dont le rôle-titre est joué par Gal Gadot, a explosé le box- office mondial. Le film de Patti Jenkins a ému des femmes, jeunes et moins jeunes, touchées que la superhéroï­ne l’emporte. Brooklynn Prince, 7 ans, notamment. L’irrésistib­le gamine de The Florida Project m’a dit : « J’ai pleuré parce que Wonder Woman prouve qu’on n’a pas besoin d’un mec pour faire ou être ce qu’on veut. »

Un message que les films ont égrené toute l’année. Dans Lady Bird, Saoirse Ronan campe une lycéenne d’une école catholique de Sacramento, pleine de rêves désespérés de grandeur et d’évasion. Dans Battle of the Sexes, Emma Stone incarne Billie Jean King, joueuse de tennis rebelle. Dans Beatriz at Dinner, Salma Hayek, magistrale en thérapeute, dézingue fièrement les conception­s capitalist­es maladroite­s de ses riches employeurs. Autant de films centrés sur les combats et les victoires au féminin. D’autres actrices ont crevé l’écran : Margot Robbie, hypercrédi­ble en patineuse olympique tordue dans Moi, Tonya ; Mary J Blige, méconnaiss­able en épouse de fermier dans Mudbound ; Jessica Chastain en « princesse du poker » kardashian­esque dans Le Grand Jeu. Hollywood a rarement autant braqué ses projecteur­s sur des vies de femmes.

Bien sûr, les acteurs ne sont pas en reste. Robert Pattinson, bluffant en criminel psychotiqu­e dans Good Time ; Daniel Kaluuya, exceptionn­el dans le remarquabl­e (et inattendu) Get Out ; Timothée Chalamet, incroyable révélation de Call Me By My Name. Sans compter de formidable­s surprises : James Franco qui interprète le mystérieux et étrange Tommy Wiseau à la perfection dans The Disaster Artist, et Jake Gyllenhaal qui donne, dans Stronger, une dimension spirituell­e à ce qui aurait pu n’être qu’une histoire classique de la vie qui reprend son cours après un drame.

Cette année, nous célébrons la beauté, le défi, le frisson. Avec l’envie de couper court à la rancune et au malheur bien compréhens­ibles pour se concentrer sur le travail accompli. Voici dixneuf excellente­s raisons d’aller au cinéma. Et en même temps, l’occasion de réfléchir à un monde en transition. Avec l’espoir qu’un peu plus d’honnêteté améliorera les choses. Dans Les Heures sombres, Gary Oldman nous rappelle l’étendue des possibles : Churchill était un outsider, impopulair­e, voire carrément détesté, m’a- t-il rappelé. Pourtant, le « Vieux Lion » n’a cessé de marteler ce message : « La victoire, la victoire à n’importe quel prix, car sans victoire, il n’est point de survie. » Soyez audacieux ! Soyez courageux ! Ne baissez jamais les bras ! D’ailleurs, comme Wonder Woman, Churchill a gagné la guerre. �

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