ÇA, C’EST VRAIMENT TOI
Déchiffrage de la carrière de Stephen King, l’auteur de best-sellers qui tient Donald Trump en horreur.
Un roman, deux f ilms, trois séries : l’heure de la retraite n’a pas encore sonné pour Stephen King. À 70 ans, le roi de l’épouvante continue d’inonder nos écrans de ses fictions dantesques, consolidant un peu plus son statut de gourou de la pop culture mondiale. Parce que, depuis quatre décennies, King ne s’amuse pas qu’à nous faire peur ; il nous montre un visage de l’Amérique : celle de la violence et des pulsions, des familles dysfonctionnelles, des virus mortels et de la bigoterie. Ces dernières années, ses romans ont pris un tour plus politique. On lit King pour s’octroyer un frisson, s’évader, mais aussi pour son examen acéré et constant de la société américaine. Farouche opposant de Trump, l’auteur de Christine et Misery est une pythie vigilante, un scribe infernal qui déchiffre comme personne l’être humain et son rapport pathologique à la destruction. Où s’origine le mal ? Souvent dans l’Amérique ordinaire. Salué à sa sortie aux États-Unis, Sleeping Beauties est l’un de ces livres. Ancré dans une paisible bourgade, il tourne vite au cauchemar quand un psychiatre et sa compagne, agent de police, affrontent une pandémie qui transforme les femmes en zombies meurtrières. Cette fable coécrite avec son fils Owen offre une métaphore épique et foisonnante sur la guerre des sexes et la vengeance fantasmatique du féminin contre une humanité mâle en plein désarroi. Comme si, dans l’imaginaire de King, toute femme était une Carrie en puissance. —
Sleeping Beauties de Stephen et Owen King (Albin Michel). Sortie le 28 février.