Vanity Fair (France)

Riad Sattouf, fan des soeurs Sorlet.

À l’occasion de la publicatio­n du quatrième tome de la saga L’Arabe du futur, Riad Sattouf nous fait découvrir deux dessinatri­ces chères à son coeur.

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J « ’ai rencontré Agathe et Lorraine Sorlet lors d’une dédicace dans une librairie, il y a deux ou trois ans. Elles avaient fait la queue pour se faire signer leurs livres. Quand je dédicace, je demande toujours aux gens ce qu’ils font dans la vie ; ça me permet d’apprendre des choses et de voir un petit peu qui sont les personnes qui lisent mes livres. Je leur ai posé la question et leur réponse a été : “On fait des dessins aussi et on est trop fortes.” Et elles ont éclaté d’un rire qui a fait trembler les murs de la librairie ! J’ai trouvé leur honnêteté très drôle et quand je suis allé voir ce qu’elles faisaient, j’ai vu qu’elles ne mentaient pas du tout. J’ai été tout de suite fan de leur travail et nous sommes devenus amis. Ce sont deux vraies jumelles qui dessinent toutes les deux. Elles font des illustrati­ons sans textes et des histoires muettes en quelques cases, ayant généraleme­nt pour thème l’amour. Elles pratiquent une sorte de “ligne claire” très élégante. Elles ont des comptes Instagram suivis par des centaines de milliers de personnes. Elles éditent ellesmêmes les sérigraphi­es de leur travail, qu’elles vont poster à leurs admirateur­s dans tous les pays du monde. Elles sont également illustratr­ices de presse, affichiste­s, et publient leurs dessins dans de nombreux journaux. Lorraine illustre très souvent des articles dans le New York Times par exemple. Leurs styles sont étrangemen­t proches et pourtant très différents. Lorraine Sorlet est picturale. Elle utilise de la gouache. Elle fait de superbes compositio­ns. Ses dessins émettent une vibration très positive, douce. Le trait d’Agathe est diabolique­ment précis. C’est une dessinatri­ce exceptionn­elle. Ses histoires muettes me fascinent complèteme­nt. Elles sont drôles tendres, poétiques... Je trouve ça très difficile de choisir comme thème principal l’amour, l’optimisme, de se couper du monde et de sa brutalité... J’admire ça car je n’en suis pas du tout capable ! Leur état d’esprit m’a beaucoup inspiré au moment où je dessinais le tome IV de L’Arabe du futur. J’aime le fait que, bien que jeunes, elles n’ont pas d’influences “à la mode” directemen­t visibles dans leur travail. Beaucoup de jeunes dessinateu­rs – et c’est normal – ont des influences très reconnaiss­ables : le manga avec des dessins cinématogr­aphiques, ou bien “à la Reiser” avec le dessin jeté et les petites taches de peinture, ou bien cartoon à la Disney... Elles, j’aurais du mal à dire d’où elles viennent. J’aime beaucoup leur attitude indépendan­te. Elles se sont fait connaître seules, sur Internet, et ne sont attachées à aucun éditeur ou agence... J’aime leur façon d’être à part, d’assumer une candeur et une tendresse désarmante­s, je trouve leur travail extrêmemen­t profond. Je pense qu’on va beaucoup entendre parler d’elles dans le futur ! » — PROPOS RECUEILLIS PAR CLÉMENTINE GOLDSZAL L’Arabe du futur tome IV (Allary Éditions). Sortie le 27 septembre. « Riad Sattouf à la BPI » Centre Pompidou, du 14 novembre 2018 au 11 mars 2019.

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Riad Sattouf : « J’aime leur façon d’assumer une candeur et une tendresse désarmante­s. »
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