Vanity Fair (France)

Les Beatles ont traversé dans les clous alors qu’ils avaient

DÉJÀ UN EMPLOI.

- MICHEL DENISOT Directeur de la rédaction de Vanity Fair.

On apprend souvent des choses en lisant Vanity Fair. Vous le saviez, vous, que la chanson de Renaud P’tite Conne parlait de Pascale Ogier ? Le chanteur ne connaissai­t pas l’actrice – ils fréquentai­ent des milieux différents. Il a seulement été ému d’apprendre la mort de cette enfant, à 25 ans, la veille de son anniversai­re. D ’un c oup, l es paroles reviennent en tête et prennent un goût amer. « J’ai pensé à l’enfer / D’un téléphone qui crie / Pour réveiller ta mère / Au milieu de la nuit »... Et des images. Un Rohmer, Les Nuits de la pleine lune, avec Tchéky Karyo et Fabrice Luchini. Pascale Ogier y jouait faux comme jamais et pourtant captait entièremen­t l’esprit des années 1980 qui débutaient à peine.

Paul McCar tney a traversé à peu près sans encombre cette époque, et bien d’autres. À 76 ans (ça rassure), il sort un dix- septième album solo, Egypt Station, et entame une tournée qui fera escale en France fin novembre. Dans l’entretien que nous publions, vous découvrire­z qu’au temps des Beatles, il tournait à l’acide en s’inquiétant des inconvénie­nts de la trépanatio­n... Et le refrain « Come together, right now, over me » va prendre un sens tout nouveau au regard de la vie sexuelle onanique des quatre garçons de Liverpool, qui ont traversé dans les clous alors qu’ils avaient déjà un emploi.

Il est possible qu’André Bonnet, à la tête de l’associatio­n Promouvoir, s’il s’était penché sur la question dans les années 1960, n’aurait pas beaucoup apprécié et aurait tenté, toutes affaires cessantes, d’attaquer au tribunal leurs ritournell­es interlopes. Bonnet, donc, ancien magistrat, cinéphile averti et rétrograde sincère, s’attaque avec obstinatio­n à chaque carré de peau nue diffusé sur grand écran depuis qu’il a fait interdire aux moins de 18 ans le film de Virginie Despentes et Coralie Trinh Ti, Baisemoi, deux jours après sa sortie en salles. Il a également épinglé à son tableau de chasse Love de Gaspar Noé, La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kéchiche et s’en est même pris au film d’animation Sausage Party, où les regards langoureux d’une chips et d’un petit pain à hot- dog lui semblaient défier la morale, sa morale. (Le tribunal, qui lui a donné tort, notait malicieuse­ment que « l’une des scènes les plus violentes du film [était] l’épluchage de la pomme de terre. ») Mieux vaut qu’il ne voie pas le film que je viens de tourner...

À ce compte, il aurait pu aussi s’attaquer également aux oeillades énamourées d’Alain Chabat pour Gad Elmaleh dans la comédie Chouchou de Merzak Allouache : on aurait bien ri au tribunal administra­tif. Désormais, ce sont les États-Unis qui profitent de la verve de Gad – de « Gawd », comme on dit en Amérique. Vanity Fair a décidé d’envoyer un reporter, comédien de stand-up à ses heures, au Comedy Cellar (oui, les briques rouges, le micro sur pied, le tabouret de bar et le projecteur en pleine figure... la salle que l’on voit au début de Louie de Louis CK) pour voir comment il se débrouille. John von Sothen (c’est lui, notre reporter/comédien/New-Yorkais de service) nous avait livré, en 2014, l’interview de la célébrité ultime : Dieu. Aujourd’hui, il récidive avec un homme qui, dit- on, conclut ses e-mails « Gad bless you ». Rien que de très logique, en somme. �

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